J’ai ‘’rencontré’’ hier Johan Reyneke vigneron d’Afrique du Sud de la région de Stellenbosch, région bien qualitative point de vue vinicole. Comment vous décrire Johan? C’est une personne d’exception, c’est un ‘’facteur de changement’’ tant au niveau vinicole que dans sa propre vie, dans la vie des autres, dans son environnement et dans sa région. Il est animé par diverses passions dont entre autres, l’amour et le respect inconditionnel de la vigne ainsi que des gens qui travaillent avec lui à faire des vins d’exceptions.

On pourrait écrire un livre sur lui tant son histoire est assez incroyable. Il ne vient pas d’une famille avec une tradition viticole bien au contraire. En fait rien ne le prédestine à cette vie qui deviendra la sienne. Son père enseignait à l’université et était médecin alors que sa mère était infirmière. Alors qu’il a 18 ans, la famille décide de venir s’installer à Stellenbosch vivre ce qu’il appelle la ‘période ‘’Jean de Florette’’, un peu comme en ‘’gentlement farmer’’. Les terres qu’ils achètent comprennent des vignes et c’est sa mère qui travaille à la ferme alors que son père continue de travailler. Son rêve d’alors était d’étudier le droit mais ça n’a pas duré. Après avoir terminé son bac en arts et débuté des études en philosophie, il ébauche sa thèse en philo sur ‘’L’éthique environnementale’’ dans le domaine de l’agriculture. Il ne publiera jamais cette thèse mais il mettra en application tous les préceptes qui la composent.

Et c’est là qu’il commence à penser à faire les choses autrement. Il s’aperçoit bien que l’agriculture conventionnelle telle que pratiquée par les agriculteurs sud-africains ainsi que sur leurs propres terres est en train de tuer petit à petit la terre. Il se dit qu’il faut faire les choses autrement : ‘’La propriété de terres agricoles vient avec beaucoup de responsabilités’’. ‘’Je savais que ce que nous faisions à notre propre terre n’était pas la bonne chose à faire’’.

Alors qu’il est dans la jeune vingtaine il travaille dans leur propre vigne ainsi que dans d’autres vignes avec des travailleurs sud-africains. Il constate les ravages que l’apparteid a fait sur la vie des gens ordinaires. Ils travaillent dur et sont sous payés. Leurs chances de s’en sortir, de posséder leur propre maison, de donner une éducation à leurs enfants est pratiquement inexistante. Il se dit qu’il se doit de les aider. Il se rappellera toujours ses débuts alors qu’il travaille comme ‘’farm labourer’’ et se jure de tout faire pour améliorer la vie des gens qui un jour travailleront pour et avec lui. C’est durant cette période en travaillant sur des fermes et des vignobles qu’il tombe en amour avec la vigne. D’ailleurs, il ne dit pas qu’il est vigneron mais bien viticulturiste ce qui traduit mieux selon lui cet amour inconditionnel de la vigne.

Petit à petit il prend les rênes de leur vignoble alors en agriculture conventionnelle et la transformera au fil du temps et avec beaucoup de détermination et de labeurs en agriculture biodynamique. Le premier vignoble d’Afrique du Sud en fait.

Ces changements vers la biodynamie ne se feront pas facilement. Il faut apprendre toute la philosophie qui guide cette approche, il faut apprendre tout son eco-système et le rôle de chaque plante, des insectes, des fleurs et autres. Il faut comprendre aussi comprendre et gérer l’impact économique d’une telle transformation. Il faut gérer la résistance de ses voisins et convaincre les banquiers de le supporter dans cette nouvelle et folle aventure. Imaginez-vous un philosophe sans grande expérience viticole qui va rencontrer un banquier!

C’est avec une parcelle qu’il commence l’aventure et elle vire vite au désastre. Le vignoble attrape toutes sortes de maladies et elle est pleine de mauvaises herbes. Que faire? ‘’J’aimais la nature mais elle ne semblait pas m’aimer!’’. Il apprendra qu’il gérait son approche en laissant la nature trop à elle-même et qu’il lui faut un plan directeur, une méthodologie, une approche holistique. Ce n’est pas juste en éliminant les produits chimiques qu’on devient ‘’organique’’. Il faut qu’il apprenne comment mieux gérer cette nature tout en lui vouant du respect.

Il se tournera vers l’Allemagne pays qui a développé de solides compétences en agriculture organique et en biodynamie. Il faudra adapter toutes ses connaissances avec le climat de l’Afrique du Sud. De plus une dame de la région (Jeanne Malherbe) qui cultivait organiquement et de façon biodynamique depuis plusieurs années, l’aidera dans son approche.

Il a appris que pour être en biodynamie il faut savoir nourrir les plantes, il faut gérer les mauvaises herbes et il faut gérer les prédateurs le tout sans produit chimique et en harmonie avec la nature.

Depuis le vignoble est certifié biodynamique sur une quarantaine d’hectares et est pratiquement auto-suffisant. Johan n’achète plus aucun produit chimique, il développe son propre engrais à partir des peaux de raisins et des rejets de ses vaches qui se promènent librement dans les vignes avec les canards. Plus d’insecticides car les canards s’en occupent.

Quant à son amour pour les gens qui travaillent pour lui, il a mis sur pied le projet Cornerstone. Ce projet a pour but de redonner aux travailleurs la possibilité d’acquérir leur propre maison et d’envoyer leurs enfants à l’université. Alors qu’il débutait son aventure il a pris la décision d’acheter quatre maisons pour ces gens et d’en assumer l’hypothèque. Il a presque fait faillite à cause de sa générosité mais a persisté. De nos jours, les travailleurs sont maintenant propriétaire de leur maison et deux de leurs enfants est allé à l’université.

Maintenant le vignoble possède environ 40 hectares de vignes sur 90 hectares de terres, possèdent environ 50 vaches qui soit dit en passant ont chacune leur nom et on y produit environ 300,000 bouteilles de vins organiques qui sont fabuleux ! Quant à ses voisins ils se sont eux aussi convertis en biodynamie et représentent environ 250 hectares en biodynamie.

Pour en savoir plus sur le Vignoble Reyneke : http://reynekewines.co.za

La dégustation

Nous avons dégusté 10 vins tous organiques dont 4 sont disponibles à la SAQ. L’élément distinctif de ces vins est la pureté du fruit ainsi que l’intensité et la persistance des arômes. Vraiment excellents! Bien que je ne note pas les vins, je peux vous affirmer qu’ils sont parmi les tops! Quel charme que cette dégustation.

© Lauren Magot, Univins et Spiritueux

Reyneke, Chenin Blanc, 2018, Organic, non disponible à la SAQ, prix environ $20.00.

Un nez aromatique sur les fruits blancs d’une belle pureté et bien et frais, soupçon d’agrumes, belle sensation de minéralité et touche florale. En bouche texture légèrement grasse, belle acidité, une certaine élégance et longueur moyenne. Bien hâte qu’il arrive. Il va faire un malheur!

 

Reyneke, Chenin Blanc, Biodynamic, 2017, disponible à la SAQ pour environ $26.00, quantités à venir.

Ce vin provient de vignes plus vieilles. Belles notes de miel, plein de notes florales et fruits blancs. En bouche la texture est bien riche, l’acidité bien fraîche, belle pureté du fruit, plus de structure que le précédent, finale sur les noyaux de pêches. Vraiment très bon !

 

Reyneke, Chenin Blanc, Natural, 2016, non disponible à la SAQ.

Ce vin n’est pas produit à chaque année. Il était incroyable !! J’ai une certaine appréhension avec les vins naturels. Quelquefois (souvent…) on y perçoit des odeurs que je juge indésirables. Dans ce cas-ci, oh que non. C’est la pureté du fruit qui prédomine! Des notes comme du beurre au caramel, de noisettes, de popcorn avec comme un soupçon d’agrumes. C’est riche en bouche, frais, belle acidité et long en bouche, très long!

Reyneke, Sauvignon Blanc, Reserve, 2016, $45.75, code SAQ : 12320175, quantités à venir.

Au nez des notes de silex, de fruits blancs, je n’ai pas perçu de notes boisées. La finale de ce vin est assez spéciale avec comme un rush de fruits sur les agrumes complètement en fin de bouche. Excitant!

 

 

 

Reyneke, Sauvignon Blanc, 2017, $29.00, code SAQ : 13316961, disponible à la SAQ dans 56 succursales.

Nez de silex, belle sensation de minéralité, soupçon d’agrumes. En bouche , superbe texture, bien équilibré, finale citronnée. Très belle longueur.

 

 

Reyneke, Shiraz, Cabernet-Sauvignon, Organic, 2017, non disponible à la SAQ, prix environ $20.00.

Nez sur les fruits rouges, comme une pointe d’olive, notes assez intenses. En bouche les tannins sont passablement charpentés avec des notes de fruits rouges et noirs, d’épices douces. Beaucoup de volume et d’amplitude en bouche.

 

 

Reyneke, Shiraz, 2016, non disponible à la SAQ. Prix environ $29.00

Un nez sur les fruits rouges avec un soupçon de notes boisées. En bouche les tannins sont bien charpentés avec des notes d’épices douces, de fruits noirs. Beaucoup de volume et d’amplitude en bouche avec passablement d’élégance et de longueur.

 

 

Reyneke, Shiraz, Reserve, 2016, $80.00, code SAQ : 12874549, quantités à venir en succursale.

Un nez sur la crème de fruits rouges bien charmeur, belle concentration du fruit avec un soupçon de vanille. En bouche, les tannins sont bien charpentés avec de belles notes de torréfaction, d’épices douces. Beaucoup de volume et d’amplitude. Un vin WOW!

 

 

 

 

 

 

Cornerstone, Cabernet-Sauvignon, Merlot, Cabernet Franc, 2015, $36.00, code SAQ : 12903485, disponible dans 29 succursales.

Un vin de facture bien classique sur des notes de cassis, des tannins charpentés et beaucoup de volume et d’amplitude.

 

 

 

Reyneke, Cabernet-Sauvignon, 2013, non disponible à la SAQ.

Ce vin n’a pas été produit qu’en 2013, 2014 et 2015. D’un classicisme surprenant, avec de belles notes d’un beau fruité, belles notes de torréfaction. Pas mal incroyable!!

 

 

 

 

Merci à l’agence Univins et Spiriteux pour si belle invitation à rencontrer Johan Reyneke.

http://univins.ca/