Il y a dans la vie des fois de ces rêves qu’on se doit de réaliser. Un peu comme un feu qui brûle à l’intérieur de soi. Et depuis quelques temps voire des années, je caressais ce rêve d’un vrai voyage vinicole. J’avais déjà fait plusieurs voyages où on visitait quelques vignobles. Mais cette fois-ci, je parle d’un voyage où on ne fait que ça. Un voyage où on s’immerse complètement dans le vin, dans les histoires et la vie des vignerons. Un voyage pour apprendre. Je ne voulais pas le faire seul et je me suis mis à la recherche de qui voulait bien me suivre et avait le temps de faire un tel voyage.

Luc Marier et Claude Lalonde (Vinformateur)

Et s’est présenté Luc Marier, sommelier (j’ai suivi mon cours avec lui), retraité et disponible. On s’est donc attablé à la Brulerie des Monts à St-Sauveur et on s’est mis à en parler et à échafauder les détails de ce voyage entre plusieurs cafés. Il fallait arrimer les deux visions de ce voyage. Moi, particulièrement intense, je me voyais rencontrer 2 vignerons chaque journée alors que lui suggérait qu’on se limite à un seul. De plus il suggérait qu’on se garde des journées de libre…Quoi…? Je voulais optimiser ce voyage, en faire le plus possible.

Puis finalement, vous savez quoi? Il avait totalement raison. Pour moi c’est la première grande leçon de ce voyage. Alors que je voulais tout faire, je me suis aperçu que lorsqu’on se laisse du temps, on se laisse la chance de mieux goûter à la vie et d’ouvrir la porte aux opportunités insoupçonnées. Nous avons pris le temps de respirer, de vivre un peu plus le moment présent et  d’ajuster notre horaire à celui du vigneron ce qui nous a permis de vivre des expériences incroyables.

La planification

Au tout début de notre planification, le voyage n’était que pour une semaine. Je voulais absolument et prioritairement faire le Piémont qui me fascine depuis longtemps. Puis au cours des discussions s’est ajouté la Bourgogne et après quelques cafés on s’est mutuellement demandé : et si on partait 3 semaines ou voudrait-on aller? Et d’un commun accord nous sommes tombés sur la Loire. Cette région m’a aussi toujours fait rêver. Alors on partait pour 3 semaines avec environ 5 jours dans la Loire, 6 jours dans le Piémont et 8 jours dans la Bourgogne et la Vallée du Rhône Septentrionale. À cela s’est ajouté 3 escales à Paris ou on transitait. Nos ports d’attaches étaient à Angers dans la Loire, à Barolo dans le Piémont et à Beaune et à Lyon en Bourgogne. Nous préférions ne pas avoir à changer constamment d’endroit.

Cartes vinicoles

Et quels vignerons allions-nous visiter? Il fallait faire un choix entre les clients de l’agence pour laquelle Luc travaille (Mon Caviste) et les vignerons que j’avais déjà rencontré à Montréal lors de dégustations et ceux que je jugeais incontournables. J’étais à la recherche de nouvelles expériences mais aussi de contenu pour le blogue et autres publications. Et quel heureux choix nous avons fait! Nous avons procédé par email à céduler des rencontres qui se sont avérées fabuleuses. Une des grandes chances que nous avons eu était de faire ce voyage entre deux très grands événements viticoles. Le Prowein et Vinitaly, deux des plus grands salons de vins sur la planète. Puisque nous étions entre les deux, les vignerons étaient des plus accessibles. De plus, les grands travaux du printemps de la vigne étaient pratiquement tous faits. Alors les vignerons étaient disponibles à nous rencontrer.

Le voyage

La Loire

Arrivés à Paris le 19 mars, nous avons pris le train le 20 pour Angers vers notre Air B&B de Mme Rabier à Saint-Martin-du-Fouilloux à 10-15 mins d’Angers. Dans la Loire nous avons visité le mythique Nicolas Joly (grand prêtre de la biodynamie) des vignobles de la Coulée de Serrant (Savennières), puis Jacky Blot du vignoble De la Taille aux Loups (Montlouis sur Loire) avec Jean-Philippe Blot et Jacky Blot, Henry Marionnet du Domaine La Charmoise (Soings-en-Sologne) avec Jean-Sébastien Marionnet, producteur de l’année selon Bettane Dessauve qui fait des vins sans souffre avec des vignes franc de pied. Nous avons aussi visité le Domaine des Galloires (à côté d’Ancenis) suite à la recommandation d’un vendeur de saucisson à Ancenis…

Nous avons tenté sans succès de rencontrer le Domaine de l’Écu alors que le vigneron se trouvait…à Montréal. Quant à notre fameux ‘’temps libre’’…il nous a permis de visiter la ville d’Angers ainsi que son Château et sa fameuse tenture, la plus importante et la plus vieille de France. Nous avons aussi visité Clisson (ne manquez pas ce charmant village), Ancennis et Savennières. Nous avons visité un château celui de Serrant et lorsque nous sommes arrivés, il était fermé. C’est malheureux mais de toute façon nous étions là pour le vin.

Je retiens de la Loire cette petite région de Montlouis sur Loire avec au-delà de 50% de ses vignobles en bio! Ses vins de Sauvignon Blanc et de Chenin fabuleux, ses rouges de Gamay et de Cabernet Franc croquants et juteux. Je retiens aussi la grande présence agricole (je m’attendais à ne voir que de la vigne comme en Bourgogne et dans le Piémont) et la grande distance entre les vignobles. Je retiens aussi l’impact des changements climatiques avec un débourrement très hâtif qui rendait les vignerons anxieux de gels printaniers qui peuvent dévaster une récolte en une journée. Et comme de fait, le gel a fait récemment fait des ravages.

Le Piémont

De retour vers Paris le 24 pour prendre l’avion vers Turin le 25. Location d’auto à l’aéroport qui nous amène à Barolo…et Wow!! Je me souvenais des paysages de la Toscane ou je suis allé il y  deux ans, mais là avec les montagnes en fond de scène…les vignobles qui s’étendaient à perte de vue aussi loin qu’on puisse voir! J’étais ébloui avec comme une petite larme…Oui j’avoue. J’ai été pris par beaucoup d’émotions. Je vous en reparlerai avec plus de détails dans une autre chronique.

Arrivés à notre Air B&B à Barolo chez Beppe (vraiment superbe!!) nous avons visité le Domaine Poderi Colla avec Frederica Colla. Et quelle visite!! Si vous allez dans la région ne manquez surtout pas de visiter ce petit domaine. Puis nous avons visité Batasiolo avec Gabriele Pezzuto (La Morra) ou nous avons été accueillis avec beaucoup de chaleur et Azienda Agricola Mossio Fratelli avec Valerio Mossio (à Rodello), un autre à ne pas manquer qui nous a fait découvrir des Dolcetto hors-normes absolument incroyables ainsi que le principe de ‘’Anima’’, c’est-à-dire faire des vins avec âme. En fin nous avons rencontré Pio Cesare avec Davide (Alba) et dégusté leurs vins légendaires.

La Bourgogne

De retour à Paris le 31 mars nous sommes partis le lendemain en train vers Beaune à notre Air B&B chez Léa qui était situé en plein centre de Beaune à quelques minutes à pied des Hospices de Beaune. Nous avons loué une voiture qui nous a amené dans le cœur de cette région mythique. Quel choc et que d’émotions que de voir toutes ces parcelles entassées les unes sur les autres quelquefois pas plus grosse qu’un terrain de football et même souvent plus petites, travaillées toutes différemment selon la philosophie et l’humeur de chaque vigneron. La période de l’année ou nous y sommes allés (le feuillage n’était pas encore sorti) nous a permis de voir le travail de la vigne et du sol de chaque vigneron.

Nous avons fait en voiture les 60 km entre Santenay et Marsannay ce qui permet de visiter via la Route des Grands Crus la majorité des grandes appellations. Que d’émotions!! Nous sommes allés payer nos hommages au vignoble Romanée-Conti, visité le Château du Clos de Vougeot ainsi que le vignoble Méo Camuzet qui y est attenant, l’Abbaye de Citeaux ou l’aventure bourguignonne a commencé avec les moines Cisterciens, le Château de Meursault ou nous avons rencontré un groupe de sommeliers français qui débutaient leur carrière comme guide au Château. Luc m’a ammené au restaurant Georges Blanc (3 macarons) à Vonas ou il a effectué un stage en sommellerie il y a de ça 4-5 ans. Que de retrouvailles et quelle belle visite de la cave avec ses 145,000 bouteilles dont 40,000 au restaurant!!

Nous avons visité les vignerons suivants : Domaine des Tilleuls (Philippe Livera) à Gevrey-Chambertin, le Domaine Matrot à Meursault avec Gael le maître de chai, le domaine Joseph Drouhin à Beaune ou nous avons rencontré Cyril Ponelle et visité les caves historiques. Mon Dieu, que de bon jus!!

Puis nous avons quitté pour Lyon afin de se rapprocher du Mâconnais et de la Vallée du Rhône Nord. Encore une fois nous avons opté pour un Air B&B chez Déborah à 20 minutes de marche du vieux Lyon. Nous avons visité à Cruzille Julien Guillot du Clos des Vignes du Maynes. Ce dernier nous a invité à participer à une session de travail d’environ 4 heures à déguster des vins d’une quarantaine de barriques avec le tonnellier Francis Miquel. Quelle expérience!!

Domaines des Vignes du Maynes, Julien Guillot, Pearl, Francis Miquel

Je retiens de la Bourgogne ses vins mythiques, sa myriade de parcelles disséminées dans des appellations aussi prestigieuses les unes que les autres, la facilité avec laquelle on peut la visiter, la beauté de ses sites et l’histoire qui s’en dégage. D’une telle beauté !

La Vallée du Rhône Septentrionale

Enfin notre dernière rencontre s’est faite chez E, Guigal à Ampuis ou nous avons eu la chance de déguster les vins mythiques du Domaine. Quels paysages à couper le souffle lorsqu’on contemple du haut des vignes tellement pentues! Qui eut cru qu’on puisse faire pousser de la vigne dans de tels endroits.

Domaine E. Guigal

Lors de notre dernière journée nous avons pris le temps de visiter Lyon et sa myriade de restaurants. Nous avons aussi gravi les centaines de marches afin de visiter Notre-Dame de Fourvière…ouf!

Paris

Durant ce voyage nous avons transité trois fois via Paris ou nous sommes demeurés dans de très petits hôtels tout près des gares ce qui facilitait nos déplacements. Nous avons pris le temps de marcher pendant des heures à partir de la gare de Montparnasse, vers St-Germain puis vers Notre Dame de Paris ou nous avons visité la crypte avant que tout flambe malheureusement. Puis vers Trocadero en revenant sur les Champs Élysées. Durant nos séjours à Paris nous avons rencontrés des amis de Luc qui nous ont gentiment reçus à leur appartement à Paris. Mes amis, quelle lasagne nous avons dégustée!!

Qui eut pensé que quelques jours plus tard…

Le retour au bercail

Et au bout de 21 jours, c’était le retour à Montréal. Et quelle satisfaction, et quels souvenirs. Nous avons eu tellement de chance de notre côté ce qui nous a permis de vivre des expériences incroyables. Je ne sais pas si le fait qu’on allumait des lampions dans les églises qu’on a visitées a quelque chose à voir avec ça, mais bon, on le saura jamais. Luc lui dira que c’était à cause de notre planification parfaite. J’aime mieux penser que c’est à cause des lampions…

Les lampions…

Cet article servira de prélude à une série de chroniques qui iront plus en détails sur les vignerons que nous avons visités et les expériences et anecdotes que nous avons vécues. Et il y en pas mal!!

Merci de me lire!