J’ai eu l’occasion vers la fin de l’été, lors de la tournée des vignobles du Québec mise sur pied par Vins Québec, de rencontrer Simon Naud, propriétaire du vignoble La Bauge. Quelle belle rencontre !

D’emblée l’ensemble du vignoble, son concept d’oeno-tourisme ainsi que la philosophie de viticulture de M. Naud m’ont séduit. Ce dernier, suite à de nombreuses recherches particulièrement poussées, croit fermement au potentiel de développer d’excellents vins à partir de cultivars québécois (hybrides). De plus son côté un peu éclectique l’a amené à élever plusieurs races d’animaux assez exotiques un peu partout dans le vignoble ce qui fait une valeur ajoutée des plus intéressantes au point de vue oeno-tourisme. Sur un sentier d’environ ½ km bordé par de grandes clôtures ou dans de grands enclos se côtoient des sangliers, des cerfs rouges de Nouvelle-Zélande, des Yaks du Tibet, des Émeus d’Australie, des Lamas de la Cordillère des Andes et plusieurs espèces de partout dans le monde.

Plusieurs activités sont offertes aux visiteurs : on peut organiser une visite avec le Maître de Chai, participer à une dégustation polysensorielle, se payer une dégustation Prestige, partager un repas composé de produits du terroir qui abondent dans la région ou organiser diverses réceptions dont mariages et autres.

Un peu d’histoire

Originaire de Montréal, Alcide Naud déménage à Sweetsburg et achète une vaste ferme laitière de 142 hectares. Après 35 ans de travail assidu en 1986 il vend son troupeau et achète 6,000 plants de vigne. Son fils Robert a suivi la vague de l’essor des produits agro-alimentaires au Québec et a débuté un élevage de sangliers. Et Alcide se dit qu’avec les saucissons et les pâtés et terrines de sanglier, il ne manque qu’un bon vin ! Les premiers ceps seront plantés en 1987 et les premières bouteilles verront le jour en 1989. Et le nom de Bauge, le gîte du sanglier, est donné au vignoble ! On fera la chasse fine au sanglier jusqu’en 2002…

C’est en 1992 que Simon, le plus jeune des fils, termine ses études en Technique du Génie rural et se joint à l’entreprise familiale. Puis en 1996 il en prend officiellement la relève. La passion qui anime Simon est la recherche de nouveaux cultivars les mieux adaptés au climat québécois.

 

À la recherche des meilleurs cépages ou faire du vin au Québec

Au début des années 2000 un des amis d’enfance, Alain Brault qui a planté des vignes en même temps de Charles-Henri de Coussergues (l’Orpailleur) est devenu pépiniériste et vend maintenant à beaucoup de viticulteurs du Québec. Au début il cherchait des plants intéressants et s’est tourné vers l’Université du Minnesota et Aylmer Swanson qui lui ont conseillé divers plants à essayer au Québec. ‘’En 1994, Alain est venu me voir pour me demander si j’étais intéressé à essayer les recommandations de M. Swanson. On a déterminé une parcelle de vigne au bout de mon champ et on a planté une vingtaine de variétés qui venaient du Minnesota. On a essayé ça pendant 3 ans sans protection hivernale et puis on a décidé d’aller à l’étape subséquente qui était de faire du vin avec ça.

On a formé un petit comité de recherche informel en 1996 où on s’est partagé les premières récoltes et on a essayé tout ça. Les plants les plus intéressants ont été offerts aux viticulteurs québécois. Parmi tout ça il nous a semblé qu’un des cépages les plus prometteur était le Frontenac, un cépage qui produit beaucoup, une vigne qui est forte, qui est capable de charger du raisin année après année. ‘’

En 1999 il fonde en compagnie de trois autres vignerons et Alain Brault le ‘’Club de recherche et de développement en viticulture du Québec’’ devenant en 2001 le Comité de recherche de l’Association des Vignerons du Québec dont il sera président pendant 7 ans. Il y siège encore comme administrateur à titre de premier vice-président. Il a sillonné les différentes régions viticoles nordiques du monde afin de répertorier de nouveaux cépages qui pourraient être intéressants pour le Québec.

Écoutons-le raconter une tranche de l’histoire de l’évolution de la viticulture au Québec : ‘’Avec le temps sont arrivés le Frontenac blanc et Le Frontenac gris. À mon avis ce sont des cépages qui sont des polices d’assurances parce qu’ils sont productifs, ils sont qualitatifs, et font du bon vin. Puis le Seyval qui selon Simon Naud ‘’est un bon cheval de bataille. C’est un cépage qui est assez droit, qui est un très bon producteur.’’

 

Dans les premières années ça lui a pris un certain temps pour jauger de la productivité nécessaire pour avoir l’équilibre dans ses vins. Ses Seyval étaient, au départ, un peu trop acides, un peu verts et avec le temps les plants ont pris de la maturité. ‘’On a su quelle hauteur de palissage était nécessaire pour aller chercher la maturité du raisin, une belle expression et un bon taux de sucre et trouver la charge bien équilibrée et bien balancée pour avoir une belle récolte à chaque année.’’ Donc selon lui, avec le temps, le Seyval est devenu un plant important pour le développement de l’industrie viticole au Québec (surtout dans Brome-Missisquoi) et évidemment pour le Vignoble.

‘’Les premières années ce cépage a été mis sous terre durant la période hivernale et au début des années 2000 nous avons commencé à le protéger ainsi que notre Vidal avec des toiles géotextiles. Le taux de mortalité des bourgeons était meilleur. Avec la toile on allait chercher un 10 degrés de protection même sans neige. Dès qu’on a un couvert de neige soit 1 pouce ou un pied on ne descend jamais en bas de -6C. C’était donc stable et efficace. J’ai buté pendant 19 ans et par la suite on a vraiment fait un transfert aux toiles vu leur efficacité’’.

Il perçoit Le cépage Vidal qui est un hybride, comme un cépage des plus aromatique avec une très grande versatilité tout comme le Chenin blanc dans la Loire. Il peut être élaboré en vin blanc sec, on peut le faire surmûrir et en faire des vins doux et on peut produire de très beaux vins de glace’’.

Les Vinifera

‘’J’ai essayé les cépages Vinifera par curiosité, par plaisir personnel aussi pour voir ce que ça donnerait. Depuis tellement d’années on entendait parler que pour certains ça marchait et pour d’autres ça ne fonctionnait pas que je me suis dit que j’allais le faire. Finalement j’allais le savoir. Alors j’ai planté un rang dans lequel on essaye 10 cépages différents. Je les ai cultivés pendant 10 ans et je les ai étudiés sur plusieurs critères (charge, productivité, résistance au climat, maladies etc.).

Sur cette rangée j’ai pris les 5 plus intéressants qu’on a replanté 300 plants chacun pour passer à l’autre étape. Soit produire des cuvées qui soient plus ou moins importantes genre 300 litres mais qui ne soient pas des micro-cuvées. On avait par exemple du Savagnin blanc, du Muscat, du Gewurtztraminer, du Cabernet Franc et du Sauvignon blanc. De ces 5 cépages on voulait savoir qui va sortir du lot. J’y suis allé graduellement, lentement avec des résultats tangibles et toujours en validant l’expression de chaque cépage une fois en bouteille. La grande question est finalement est-ce que ça peut être rentable?’’

Finalement il aime bien les cépages vinifiera, cependant selon lui les cépages hybrides sont des valeurs sûres : ‘’Ça produit bien, Ça fait du bon vin et c’est rentable.’’

« Il faut arrêter de parler de cépages hybrides vs les cépages vinifiera. Il ne faut pas avoir honte de dire qu’un vin a été élaboré avec du Vidal, du Frontenac ou autre. On voit le marché québécois évoluer. Quand on était jeune en tant que vigneron on recherchait la rectitude mais l’évolution des bières artisanales nous ont fait évoluer. Les microbrasseries québécoises s’éclatent dans tout et notre jeune public est à la recherche de plein de nouveaux produits. On se fait demander ce qu’on a d’éclaté, de différent. Finalement on a pas besoin d’être dans une ligne formatée. On a des cépages différents, on a une identité différente, on a des façons de cultiver qui sont différentes alors découvrons toutes ces saveurs et ces aromes qui sont intéressants. On a maintenant une clientèle qui veut découvrir ce qu’on a à offrir en tant que nouveaux produits et nouvelles saveurs. Si les vins sont bons les gens vont les aimer. Les consommateurs ne se casseront pas la tête. Il faut que ça soit bon !. Avant Les gens goûtaient les vins québécois avec beaucoup d’appréhension. Maintenant quand on sert nos produits on sent un réel intérêt. On voit donc des années vraiment très stimulantes devant nous.’’

Les vins

Les descriptions sont celles du producteur :

Fraîche-Heure, vin blanc, Cépages principaux : Frontenac Gris, Vidal, Seyval Blanc Cépages secondaires : Saint Pépin, Crescent, Geisenheim. Disponible IGA et Metro.

Vin blanc fruité, léger et délicat. Présentant de rafraîchissants arômes de poires, d’agrumes, de miel et d’épices. Bouche fraîche avec une fine minéralité. Un goût franc, droit, avec une belle finale tout en finesse

Douce-Heure, vin rosé, cépages : Frontenac Gris, Frontenac Noir. Disponible IGA et Metro.

Rosé fruité couleur framboise aux arômes de fraises, de cerises, de groseille et d’épices. Bouche fraîche, équilibrée et savoureuse

Rassemble-Heure, vin rouge, cépages : Frontenac Noir, Marquette. Disponible IGA et Metro.

Vin rouge fruité, léger et savoureux aux arômes complexes de cerises, mûres et épices.

Solyter, vin blanc, cépages : Frontenac Gris, Frontenac Blanc, 2016, $17.50, code SAQ : 13107211.

Vin blanc sec présentant de rafraîchissants arômes de pommes, d’ananas et d’épices, se liant au parfum de pain grillé, de miel, de vanille et de noix de coco, issue de la fermentation en fût de chêne. Bouche fraîche et savoureuse où les saveurs de fruits à chair blanche s’expriment avec finesse, supportées par des saveurs de chêne lui apportant souplesse et longueur.

Equinox, vin blanc, cépages : Frontenac Gris, Frontenac Blanc, Vidal, Seyval,

Vin blanc sec, léger, délicat et fruité. Présente de rafraîchissants arômes de poires, d’agrumes, de miel et d’épices. Bouche fraîche et savoureuse.

Terro, vin rouge, 2015, $14.05, cépages : Frontenac Noir, Marquette, code SAQ : 12118541.

Vin rouge fruité souple et léger aux arômes complexes de cerises, de mûres, d’épices et de chêne.

Rosez, vin rosé, 2017, $14.50, cépages : Frontenac Noir, Frontenac Gris, code SAQ : 10850615.

Vin rosé fruité aux arômes de fraises, de cerises, de groseilles et d’épices. Bouche fraîche, équilibrée et savoureuse.

Les liquoreux :

Vin de glace, Sno, Vidal, format 200 ml, 2011, $29.45, code SAQ : 12118567.

Au nez : riches arômes révélant des parfums d’abricots, de marmelade et de litchi. La bouche offre une belle richesse et une agréable fraîcheur. La longue finale s’étire sur des accents de fruits tropicaux.

Novembre, vin de vendange tardive, 2016, $16.80, 375ml, code SAQ : 10853189.

Ce vin blanc présente un parfum de fruits tropicaux, de litchi, de poires, de pommes et un brin de vanille. Bouche fruitée fraîche et savoureuse.

Oeno-tourisme

Le vignoble offre une multitude d’activités et de forfaits. En voici les principales :

Dégustation de vins :

Simple mais efficace cette courte dégustation est parfaite pour découvrir les produits du vignoble. Vous pouvez choisir parmi la gamme des 7 vins de la maison.

Disponible du 1er mai au 31 décembre, selon l’horaire régulier de 10h à 18h tous les jours. Le coût est de $5.00 par personne et la durée de 20 minutes.

Visite du parc animalier

Disponible du 1er mai au 31 décembre, selon l’horaire régulier de 10h à 17h tous les jours. C’est gratuit et la durée de 15 à 20 minutes.

 

Dégustation polysensorielle

Cette activité exclusive du vignoble propose aux amateurs de vins de découvrir le vin rosé du domaine, le ‘’Rosez’’ en utilisant leurs 5 sens, par des jeux d’associations. Arômes, musiques, ouvres d’art…tout a été pensé pour mettre en valeur ce superbe produit, le tout dans un environnement enchanteur sur une terrasse surélevée au cœur des vignes. La dégustation est précédée d’une visite en carriole dans le vignoble.

Les fins de semaine jusqu’au 20 août avec des départs à 11 :30 et à 13 :45. Le coût est de $10.00 par personne

 

Visite du Maître de Chai

Cette visite vous permettra de découvrir un tout autre aspect de la production du vin : accompagné du vigneron ou de l’un des membres de l’équipe du vignoble, vous visiterez les installations de la vinerie et connaîtrez toutes les étapes de la fabrication du vin, de la cueillette à l’embouteillage, en plus d’avoir la chance de déguster un vin brut de cuve, en élaboration. Une opportunité rarement offerte dans les vignobles canadiens.

En semaine jusqu’au 20 août et les fins de semaine du 21 août au 15 octobre. Départs à 11h, 13 :30h et 15h. Le coût est de $10.00 par personne et la durée est de 40 minutes.

Dégustation Prestige

L’offre parfaite pour les plus épicuriens d’entre vous ! L’accord entre nos vins et les produits de notre élevage (mousse de foie de sanglier, terrine de cerf et saucisson fumé de Yack) confère à cette dégustation son côté unique.

Disponible du 1er mai au 31 décembre, selon l’horaire régulier. Libre tous les jours de 10h à 18h. Le coût est de $17.25 par personne el la durée est de 30 minutes.

Assiette du Terroir

Pour le dîner ou pour le souper, vous avez la possibilité de vous restaurer au vignoble bien installés sur l’une des terrasses ou dans la vieille grange centenaire. On vous propose un délicieux repas ou les viandes issues des élevages de cerf et de sanglier du vignoble sont accompagnés de salade, de condiments et de marinades. Vous pourrez accompagner le tout d’un verre de vin du vignoble.

Disponible du 1er mai au 31 octobre, selon l’horaire régulier. Libre tous les jours de 10h à 18h. Le prix est de $16.00 par personne et la durée est de 30 minutes.

Vigneron un jour

Pour une expérience encore plus complète et une fois de plus, unique, il est possible d’assister et de participer aux vendanges aux côtés du vigneron. Récoltes, foulage et presse des fruits… participez à chacune de ces importantes étapes qui guideront vers la création d’une toute nouvelle cuvée, dont une bouteille vous sera remise l’été suivante, une fois la fermentation terminée. Le repas du midi est offert avec des grillades de sanglier et du bon vin ! Dégustation, visite guidée et de nombreux échanges sont au menu.

Disponible la dernière semaine de septembre et la première d’octobre, sur réservation. Le coût est de $60.00 par personne. L’activité dure toute la journée de 9:30h à 17h. L’activité est très populaire et les réservations se font souvent un an à l’avance. Réservez tôt !

De plus divers forfaits sont disponibles : Consultez le site web  http://labauge.com/forfaits-disponibles/

Visite et repas, Excursion – route des vins (journée complète), forfaits hébergement, réceptions pour votre mariage et autres.

Consultez le site web  http://labauge.com/mariages/

Plein de possibilités pour personnaliser votre réception

Les heures d’ouverture du vignoble sont :

Du 1er juin au 15 octobre, tous les jours de 10h à 18h.

Du 15 octobre au 10 décembre, les fins de semaine seulement, de 10h à 17h.

Le vignoble est situé au Québec dans les Cantons-de-l’Est :

155, avenue des Érables
Brigham (Québec) J2K 4E1

Téléphone: 450 266-2149
info@labauge.com