Vous avez entendu parler de vins ‘’bio’’, de vins ‘’nature’’ et probablement moins de vins en ‘’biodynamie’’ et vous en avez probablement goûté quelques-uns. Mais à la fin, de quoi s’agit-il donc? Est-ce que ces vins sont une mode? Sont-ils la pour rester? Que sont-ils vraiment? Afin d’en parler et d’échanger sur le sujet, l’agence Univins a réuni des producteurs, des journalistes et professionnels de l’industrie de la restauration au Restaurant Toqué! afin de s’en faire une meilleure idée.

Je n’ai pas l’intention de développer une thèse sur les différents types de viticulture mais pour se faire une idée, faisons un petit résumé de chacun. D’abord, l’agriculture conventionnelle utilise tous les intrants chimiques permis et il y en beaucoup alors que l’agriculture raisonnée en utilise déjà moins. Et là avec les vins bio, en biodynamie et nature, on passe aux choses plus sérieuses. Il faut dire que ces derniers (selon diverses sources) représentent approx. de 10% à 12% des vins vendus dans le monde. La proportion des vins ‘’nature’’ est difficile à quantifier mais disons sans se tromper qu’elle représente la minorité de l’ensemble de ces vins.

Les vins Bio

Les vins ‘’bio’’ selon l’organisme Ecocert (Europe) se résument ainsi :  ce sont des vins qui ont été produits selon les préceptes suivants : la non-utilisation de produits chimiques de synthèse (pas d’insecticides) la non-utilisation d’OGM, la limitation des sulfites, le maintien de la biodiversité et le respect des cycles naturels et du bien-être animal et ce, pour la protection de l’environnement et du climat et la conservation de la fertilité des sols. Elle garantit un étiquetage transparent pour le consommateur (Europe : Ecocert). Le temps de conversion d’une agriculture conventionnelle ou raisonnée à bio prend 3 ans pour la certification. Cet organisme est reconnu au Canada.

Quant aux sulfites, si on prend le cas d’un vin rouge sec, le montant alloué pour l’agriculture conventionnelle est de 160 mg/l alors que le bio ne permet qu’un maximum de 100 mg/l.

Logo Ecocert

La biodynamie

Les vins issus de l’agriculture ‘’biodynamique’’ :  La biodynamie, c’est un système, une philosophie de production qui équilibre plante, sol et environnement tout en tenant compte de l’influence des forces célestes et terrestres. Selon l’organisme Demeter (qui en gère la certification et l’application) c’est une forme d’agriculture biologique à la fois holistique, régénérative et positive. Pour devenir ‘’biodynamie’’ on doit déjà être certifié en bio. On utilise moins d’intrants qu’en bio et on doit utiliser des préparations biodynamiques naturelles. On ne doit rien ajouter au vin et on doit limiter l’ajout de sulfites, encore moins qu’en bio.

Comme le disait un des vignerons : ‘’Avec cette philosophie la vigne devient un éco-système qu’il faut apprendre à maîtriser et dont il faut mieux anticiper l’évolution. ‘’

Quant aux sulfites, dans le cas d’un vin rouge sec, alors que le bio permet un maximum de 100 mg/l de sulfites, la biodynamie ne permet qu’un maximum de 70 mg/l.

Logo Demeter

Les vins dits  »nature »

Quant aux vins dits ‘’nature’’ il n’y a pas réellement de certification similaire à Ecocert et à Demeter ce qui laisse comme un grand vide quant aux attentes des vins qui sont élaborés selon ses préceptes. Il y a bien les organismes S.A.I.S et A.V.N. mais ceux-ci ne sont pas officiellement reconnus. Disons d’emblée que ce sont des vins sans souffre ajouté et qui ne devraient pas contenir d’autre que ce qui est issu du raisin. Donc ce sont des vins mis en bouteille sans intrant, ni additif.

Quant aux sulfites, toujours dans le cas d’un vin rouge sec, la mention sans sulfite ajouté ne devrait pas contenir plus de 30 mg/l. Il faut savoir que le vin peut toujours contenir du souffre de source naturelle. Il n’y a donc pas de vins ‘’zéro sulfites’’.

Le débat!!

Et c’est là que commence le débat! Dans le cas des vins dits ‘’nature’’ qui sont de plus en plus à la mode et qui sont propulsés par un groupe de sommeliers qui, dans certains cas, sont en quête de nouveauté, il n’y a pas de consensus dans la variabilité de la qualité de ces vins. Car il faut dire que l’ajout de sulfites apporte, entre autres, de la stabilité aux vins. Un vin instable peut dégager des senteurs plus ou moins agréables de réduction et autres. Et justement les vins nature n’utilisant pas de sulfites ont tendance à l’être. Ceux qui les défendent nous diront que ça a déjà été le cas mais que de plus en plus on en fait des bons. Le mouvement est jeune et il faut se laisser la chance de maîtriser l’élaboration de ces vins.

Quant à moi, je supporte les vins bio et issus de la biodynamie avec toute mon ardeur et ma conviction. Je n’ai que rarement été déçu par ces vins. D’ailleurs dans la dégustation qui a suivi cette discussion, nous avons eu de brillants exemples de ce que ces pratiques peuvent donner comme vins.

Quant aux vins dits nature alors la…pour moi c’est une autre histoire. Je ne crois pas avoir été bien chanceux dans mes expériences. Alors, Je me suis prêté à l’exercice lors de la dernière édition du salon Raspipav. J’ai rencontré deux agences qui se spécialisent dans ce type de vin et la mes amis, je me suis abandonné! Et j’en ai goûté! Et je n’ai pas été complètement convaincu. C’est qu’ils ont un profil aromatique mettons ‘’funky’’, différents qu’on doit apprivoiser. Et ça, je respecte. Pour ceux qui aiment ça, allez-y et amusez-vous! Mais pour certains (j’avais le goût de dire plusieurs) quand ça ne sent pas bon, arrêtez de me dire que ‘’j’ai le palais chimiquement formaté’’ par les vins issus de l’agriculture conventionnelle qui selon certains utilise tout ce que l’industrie phytosanitaire peut leur apporter comme solutions chimiques.

Si c’était le cas je ne jetterais pas mon dévolu sur les vins bio et issus de la biodynamie comme je le fais actuellement et que j’apprécie grandement. Dans mes voyages, je ne mettrais pas l’accent à visiter particulièrement ces vignobles. D’ailleurs, ces vins sont à découvrir à cause de leurs arômes de fruits si purs et éclatants et leur fraîcheur toujours resplendissante.  

Et il y a cette frange de sommeliers aux accents d’Ayatolah qui persistent et signent tous les vins, même ceux qui peuvent présenter des défauts. D’ailleurs certains de ces défauts sont acclamés par eux car ils s’en réclament la signature et représentent supposément la ‘’vérité du vin’’.

Mais il y a aussi de ces sommeliers ‘’d’expérience’’ qui ont appris à les connaître ces vins nature et à les apprécier. Ils en soulignent leur pureté, leur goût qui, selon eux, est plus proche du raisin, de ce que devrait être le goût vrai du vin. Ils ont quelque chose de plus. Comme l’un deux disait : ‘’Il y a comme une vibrance dans ces vins’’. Car lorsqu’ils sont bien faits, ils sont différents et exceptionnels. Mais il faut les trouver.

Quant aux vins bio et issus de la biodynamie, il y en a de plus en plus. D’ailleurs de grands producteurs sont à transformer leurs vignobles de plus en plus vers le bio et la biodynamie soit par conviction soit pour répondre à la demande en croissance exponentielle des consommateurs pour ces produits. Ce qui devrait avoir un effet d’entrainement important pour cette catégorie dans un futur rapproché.  

La dégustation

Trois vignerons étaient présents lors de ce débat/dégustation soient La Bodega Aranleon (une centaine d’hectares en bio) à Venta del Moro près de Valence et sa co-propriétaire Maria Sancho, Château Maris, Languedoc, La Livinière (50 hectares en biodynamie) et son co-propriétaire Robert Eden, Domaine Ortola (110 hectares en biodynamie) situé près de Narbonne et son co-propriétaire Nelson Ortola. Le tout avait lieu au Restaurant Le Toqué!

Nous avons dégusté 8 de ces vins dont un seul était sans-souffre ajouté sans être qualifié de vin ‘’nature’’. Il venait de Château Maris et il était particulièrement excellent.

Dégustation de vins bio, dynamie et  »nature »

Bodega Aranleon et Bodega Montesanco

Vignoble Montesanco

Aranleon, Blanco, Joven, Valencia, 2018, $13.95, vin bio blanc, cépages : Macabeo 60%, Sauvignon Blanc 40%, sucre : 2.0 g/l, code SAQ : 13792422.

D’une belle fraîcheur, bien aromatique sur des effluves de fruits blancs assez intenses avec une pointe d’agrumes qui appelle une belle acidité salivante. D’une texture veloutée, c’est joyeux en bouche, bien satisfaisant avec une belle finale fruitée d’un bel éclat. Super rapport qualité/prix!

Aranleon, Blanco, Joven, Valencia, 2018

Aranleon, Crianza, Valencia, 2018, $14.55, vin bio rouge, cépages : Monastrell, sucre : 2.7 g/l, code SAQ : 10856427.

Sur des accents d’épices douces, de cannelle, qui s’entremêlent sur des arômes de fruits rouges bien mûrs assez intenses. En bouche tout est d’un bel équilibre avec des tannins presque charpentés, des notes de fruits bien mûrs assez intenses avec une prédominance sur les mûres et les cerises. Le fruit est omniprésent dans ce vin !! Des plus polyvalent avec un excellent rapport qualité/prix!

Aranleon, Crianza, Valencia, 2018

Mon, Bobal, Bodega Montesanco, 2016. Disponible en importation privée auprès de l’agence Univins.

Un vin superbe qui m’a séduit! Envoutante cette intensité des fruits noirs, attirants ces arôme de réglisse et de notes balsamiques, intrigants ces effluves de tabac blond. La texture caressante se marie si bien avec les tannins bien veloutés les deux culminants en harmonie dans une finale bien ample et généreuse sur des notes boisées bien intégrées.

Mon, Bobal, Bodega Montesanco, 2016

Château Maris

Château Maris, Brama, 2016, vin blanc biodynamie, cépage : Grenache Gris. Disponible en importation privée auprès de l’agence Univins.

Dès l’approche on sent que ce vin va nous plaire avec accents de fruits exotiques et d’agrumes. En bouche c’est cette acidité assez vive qui s’allie à une structure élégante pour nous donner un vin d’une si belle fraîcheur qui se prolonge de façon appréciable.

Château Maris, Brama, 2016

Château Maris, Syrah, Les Planels Sans Souffre, Savoir Vieillir, 2018. Disponible en importation privée auprès de l’agence Univins.

D’un fruit éclatant sur les fraises et autres fruits rouges ainsi que d’épices douces et de poivre. Le velouté est remarquable et les tannins bien suaves. Finales sur des flaveurs de fruits noirs, d’un bel équilibre et d’une longueur étonnante. Le genre de vin qui remet les pendules à l’heure quant aux vins dit ‘’sans souffre’’.

Château Maris, Syrah, Les Planels Sans Souffre, Savoir Vieillir, 2018

Château Maris, Syrah, Les Planels, Cru La Livinière, 2014, $28.60, code SAQ : 13075474.

Quel bel accueil sur des arômes de cannelle, d’épices douces, de poivre et de fruits noirs. Puis progressivement les saveurs intenses d’épices douces et de fruits noirs s’éclatent portés par une texture remarquablement veloutée et des tannins charpentés tissés bien serré. De belles notes de réglisse noire viennent compléter celles des fruits noirs dans une finale longue et épicée.

Château Maris, Syrah, Les Planels, Cru La Livinière, 2014

Domaine Ortola

Domaine Ortola, Nautica, Languedoc, Quatourze, 2017, $21.95, cépages : Syrah 60%, Grenache 30%, Mourvèdre 10%, code SAQ : 14061429.

On retrouve la garrigue du Languedoc dans toute sa splendeur et ses arômes du sud en harmonie avec des effluves de fruits rouges bien mûrs. Un vin tout en fraîcheur avec une acidité bien présente et des tannins charpentés. Une certaine élégance en milieu de palais. Très belle finale sur des saveurs de chocolat noir et de fruits noirs.

Domaine Ortola, Nautica, Languedoc, Quatourze, 2017

Château Notre-Dame du Quatourze, Ode à la Lune, Famille Ortola, Languedoc, 2017, cépages : Syrah, Mourvèdre. Disponible en importation privée auprès de l’agence Univins.

Préséance est donné aux fruits dans ce vin ainsi que des notes d’épices douces. Un vin élégant sur des tannins charpentés et d’une texture bien veloutée.

Château Notre-Dame du Quatourze, Ode à la Lune, Famille Ortola, Languedoc, 2017