Pas facile d’être vigneron de nos jours!!

Chute de la consommation de vin 2010 - 2024
Chute de la consommation de vin 2010 – 2024

Depuis quelques jours je consulte différents graphiques qui traitent de la consommation mondiale de vin qui périclite, des extrêmes climatiques qui affectent la production du vin, des hauses stratosphériques de coûts qui affectent la production du vin et des revenus à la baisse pour les vignerons. Et je me disais hum…pas facile d’être vigneron. Je ne parle évidemment pas des châteaux Bordelais qui produisent ces fameux crus classés et donc pour qui la situation est bien différente (malgré des ventes en primeur à la baisse) mais plutôt des 50,000 petits viticulteurs ou petits vignerons en France.

Mais comment échanger ces chiffres et ces graphiques avec vous sans vous assommer? Et que je me suis dit, rien de mieux qu’une histoire! Alors voici celle d’Édouard le vigneron.

Édouard le vigneron

Édouard (vigneron fictif) possède disons 20 hectares de vignes dans le sud de la France qu’il bichonne selon les préceptes de l’agriculture bio donc sans produits phytosanitaires et donc qu’avec des produits bio autorisés et sa bouillie bordelaise (fongicide à base de cuivre). Il produit depuis quelques années à peu près 100,000 bouteilles par an avec un savoir-faire vieux de 4 générations et avec beaucoup d’amour.

Édouard notre vigneron fictif!
Édouard notre vigneron fictif!

Extrêmes climatiques

Mais voilà que depuis quelques années Édouard fait face à des changements climatiques extrêmes qui lui apportent son lot de complexité.

Une année il reçoit de la grêle ou des périodes de gel intense en plein lors du débourrement ce qui fauche les bourgeons naissants et lui bouffe son rendement. Une autre année il reçoit des pluies diluviennes qui rendent son vignoble impraticable au passage de son tracteur et qui augmentent les chances de maladies dont le ‘’mildiou ». Et voilà qu’il doit augmenter drastiquement le nombre de traitements de bouillie bordelaise avec une quinzaine et même une vingtaine de traitements pour venir à bout de cette maladie. Une autre année il doit faire face face à des périodes caniculaires durant l’été avec plusieurs jours dans les 40 degrés qui causent un stress hydrique important et qui cuisent une bonne partie des raisins sur la vigne.

Et enfin cette incertitude climatique qui rend difficile la décision du meilleur temps pour ses vendanges. Vous croyez peut-être que ces exemples sont exagérés. Alors voilà que non! Certaines années tout y passe!! On a qu’à consulter les données et parler avec divers vignerons pour voir que c’est le bordel point de vue climatique.

Augmentation du Mildiou et des précipitations
Augmentation du Mildiou et des précipitations

Un marché en déclin

Mettons que la production d’Édouard soit affectée négativement à cause de ces foutus extrêmes climatiques il faut toujours quand même qu’il écoule ce qui lui reste de vin une fois celui-ci produit. Mais voilà que la demande pour le vin diminue drastiquement sur une base mondiale et que malgré ses pertes dans le vignoble il produit toujours trop de vin pour cette demande qui périclite. Que doit faire Édouard?  Comment ajustera-t-il sa production? Selon quels critères? Comment réussira-t-il à s’ajuster à ces nouvelles réalités?

Baisse de la consommation mondiale de vin
Baisse de la consommation mondiale de vin
Baisse de la consommation de vin par groupe d'âge
Baisse de la consommation de vin par groupe d’âge

Des revenus en berne

Et si Édouard fait affaire avec un négociant pour écouler son vin ce dernier lui donnera-t-il autant pour ses barriques de vin? Depuis 2024 les prix payés aux vignerons (vins sans IG) sont souvent inférieurs ou à peine équivalents à 2014. Que voulez-vous? L’offre excède la demande ce qui implique une pression négative sur les prix donc sur les revenus. Et ce n’est pas demain que ça se règlera! Il faut réajuster cette offre avec une demande qui fond à vue d’œil.

Des coûts qui flambent, des marges qui fondent

Et ici je ne parle même pas des coûts de production qui ont atteint des niveaux stratosphériques et qui bouffent les marges de profit quand il y en a. Par exemple Edouard paye entre 40% et 130% de plus pour ses bouteilles de vin qu’il y a 10 ans. Pour produire sa bouillie bordelaise ça lui coûte entre 150 et 300% plus cher qu’il y a 10 ans. Tempête parfaite?

À méditer…

Alors pas facile d’être vigneron! Alors si vous ouvrez une bonne bouteille ce soir, pensez à Édouard. Et à tout ce qu’il a fallu pour qu’elle arrive jusqu’à votre verre…

Sources: www.vitisphere.com, www.vignevin.com, www.Inrae.fr, www.agreste.agriculture,gouv.fr, www.franceagrimer.fr, …meteofrance.com, OIV (organisation internationale de la vigne et du vin).

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