J’ai eu l’honneur d’être invité en tant que juge pour la 27e édition du Concours Sélections Mondiales des vins Canada qui s’est tenu à Québec du 18 au 22 novembre 2020. Ce concours est reconnu comme le plus grand concours vinicole international en Amérique du Nord et fait partie des grands concours de vins du monde.

Il est organisé sous l’égide de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) et de la Fédération mondiale des Grands concours internationaux de vins et spiritueux (VINOFED), deux organismes qui encadrent les règles de conduite des grands concours internationaux de vins.

C’est Réal Wolfe, personne bien connue du monde du vin qui m’a invité à ce concours et je l’en remercie. Il a fait l’acquisition l’année dernière de ce concours qu’il avait mis sur pied en 1990 alors qu’il travaillait à la SAQ en communications et dont il était Secrétaire général. Il faut savoir que dans le processus d’acquisition il s’est associé avec la compagnie Enopassión SL Limited Company d’Espagne afin d’en assurer le succès.

Je ferai paraître sous peu une entrevue que j’ai faite avec M. Wolfe. C’est une entrevue fort intéressante qui vous permettra de rencontrer un visionnaire animé d’une passion peu commune!

Le concours

Le concours avait lieu à Québec en pleine pandémie la semaine dernière de jeudi à dimanche. Les consignes de sécurité étaient absolument strictes car il n’était pas question que quiconque ne propage ce virus ou n’en soit infecté. Non seulement le port du masque était obligatoire partout, mais les règles de distanciation étaient respectées à la lettre.

Tous les repas se prenaient seul dans notre chambre avec des boîtes à lunch pour le déjeuner et le lunch. On se faisait livrer de la bouffe le soir. Le concours a été reporté à quelques reprises avec tous ces bouleversements puis avec l’assentiment de la Santé Publique du protocole proposé au début novembre, le concours a reçu son aval.

On parle de 2160 vins inscrits , provenant de 33 pays, qui ont pris part à cette édition 2020 dont 1 221 vins rouges, 750 vins blancs, 124 vins rosés et 65 vins « autres » (sous voile, de liqueur, naturellement doux, orange). Le nombre de vins a connu une forte augmentation par rapport aux années passées ce qui témoigne des efforts de la  »nouvelle administration ».

Les juges et les dégustations

Un jury de 60 personnes provenant de l’ensemble de la filière vin du Canada (œnologues, sommeliers, agences d’importation, professeurs etc.) a effectué la dégustation sur 144 séances de dégustation étalées sur quatre jours.

Ces 60 juges étaient subdivisés en groupes de 5 personnes qui dégustaient les vins. Chaque groupe de 5 était assis à une table en forme de U avec le respect total de distanciation. Pour chacun des 4 jours nous avions 3 séries de dégustations avec approximativement de 15 à 20 vins dans chaque série. Ces vins étaient dégustés à l’aveugle. La seule chose qu’on savait c’était la couleur du vin, son millésime et la catégorie à laquelle appartenait ce vin.

Mon groupe de 5 juges représentant le Canada, la France, la Belgique et l’Argentine. Les juges internationaux avaient la double nationalité. Donc pas de voyages…Covid oblige!

Entre chaque séance de dégustation nous avions une pause de 20 minutes. Mon groupe de 5 personnes a dégusté des vins catégories suivantes : Vins rouges tranquilles, culture classique, Vins rouges tranquilles, culture biologique, biodynamique et nature, Vins blancs tranquilles, culture classique, Vins de cépage aromatiques tranquilles, culture classique, Vins rosés mousseux, culture classique, Vins blancs tranquilles, culture lutte raisonnée.

Parce qu’il y avait 2,160 vins à déguster, chaque groupe n’a pas dégusté les mêmes vins. Notre groupe de 5 personnes a dégusté un total de 180 vins comme les autres 11 équipes pour un total de 2,160 vins.

Le service des vins, tous servis à la température idéale, était effectué par une brigade de 10 sommeliers serveurs. Les vins étaient servis selon un rangement déterminé à l’avance par la direction technique du concours.

L’évaluation des vins

Afin de nous aider à évaluer chaque vin, des fiches techniques étaient mises à notre disposition. Ces fiches variaient selon la classification des vins. Celle d’un vin mousseux n’était pas exactement pareille à celle d’un vin rouge tranquille. Libre à chacun d’utiliser en tout ou en partie cette fiche d’évaluation.

L’important c’était de bien noter chaque vin et de bien signer la fiche individuelle de chaque vin. Était testée durant le concours une fiche technique à partir d’un ipad pour évaluer chaque vin. On verra si cette application sera utilisée dans les itérations ultérieures du concours.

Fiche technique

À partir de la moyenne des scores des 5 membres du groupe, on déterminait si un vin se méritait une médaille d’argent (de 85 à moins de 89 points), une médaille d’or (de 89 à moins 92 points) ou une Grande médaille d’or (de 92 à 100 points).

Évidemment les goûts de chaque personne varient. Il était fascinant de voir les variations de scores entre individus et les raisons qui motivaient ces scores. En général, ces scores étaient assez homogènes. Mais comme dans chaque groupe, il nous est arrivé d’avoir 4 personnes qui avaient tous soit un score élevé ou bas et qu’un individu dans le groupe avait un score opposé à celui du groupe. Cette personne avait à justifier son score et avait la possibilité de réviser son score pour soit se rallier au groupe ou non. Bel exercice d’évaluation.

Mes impressions

Quant à moi, en plus de cette fiche, je me suis basé sur mes impressions de l’équilibre entre les arômes perçus au nez et les saveurs perçues en bouche, est-ce que le nez va d’un côté et la bouche de l’autre? Y a-t-il une harmonie générale entre les diverses composantes du vin? Une fois le vin goûté, j’y regoûtais une deuxième fois pour une impression générale. Et aussi en me disant que si je servais ce vin à des ami, est-ce qu’ils l’aimeraient? Quelles seraient leurs impressions? J’ai aussi trouvé durant ce concours, on avait le temps de se faire une bonne impression du vin avant que l’autre vin arrive.

Personnellement j’ai trouvé que c’était un exercice de concentration essentiel. Je me suis aperçu qu’après 35 vins il fallait que je fasse attention et que je redouble d’effort pour maintenir ma concentration.

Lors de dégustation de vins rouges et blancs tranquilles de culture classique j’ai noté une plus grande homogénéité de scores entre les juges de mon groupe.

Mais lors de la dégustation de vins rouges et blancs en bio, biodynamie et nature, les scores variaient selon qu’on aime ou pas certains vins surtout les ‘’nature’’ qui peuvent présenter quelques variations et/ou déviances gustatives en raison de leur faible niveau de sulfites. Certaine aiment, d’autres pas et ça peut se réfléter sur les notes.

Les gagnants

Évidemment les producteurs qui participent le font dans l’espoir de remporter une médaille qu’ils pourront utiliser dans leurs efforts de communication et de commercialisation. Ces gagnants seront connus dans la première semaine de décembre !!

Et maintenant que j’ai fait partie de ce concours, je peux vous dire que ces médailles ont vraiment une signification importante. Ces vins qui auront gagné étaient tous présentés à l’aveugle et n’avaient que leur goût et leur qualité intrinsèque pour se distinguer des autres. Ce n’est pas la beauté de leur étiquette ou le nom de leur vin qui a pu faire une différence.

Finalement, j’ai beaucoup apprécié cette expérience humaine et faire partie de ce groupe de professionnels du vin qui ont mis leur expertise à déterminer les gagnants de ce concours. Bravo aux organisateurs et aux bénévoles qui ont su en faire un succès en une période si difficile!