Deuxième millésime prometteur du Vignoble d’Ovila un tout nouveau vignoble situé à Les Cèdres. Véritable projet de retraite de France et François Robillard, c’est en 2015 qu’on plante les premiers plants de vigne d’Acadie et de Frontenac sur la terre de leur grand-père dans l’espoir de produire des vins qui soient les meilleurs possible.

François et France Robillard

Vous trouverez dans cet article mes notes de dégustation des deux vins (sur les 4 qu’ils produisent) qu’ils m’ont apporté pour dégustation. De plus suit l’entrevue des plus intéressante que j’ai faite avec François Robillard vigneron. Cette entrevue vous donnera une idée de la ténacité et du travail nécessaires pour mettre sur pied un vignoble au Québec.

Le Grand Vent, Vin blanc, Produit du Québec, 2019, $16.75, cépages : Frontenac Blanc 46%, Seyval Blanc 24%, Acadie 22%, et Vidal 8%, sucre : 3.43 g/l, alc. : 12%.

Le Grand Vent, Vin blanc, Produit du Québec, 2019

Ce vin se laisse découvrir par ses effluves de fruits exotiques (ananas) et d’agrumes avec une légère dominante sur le pamplemousse. La bouche est d’une texture un peu ferme avec une acidité presque vive et des plus rafraîchissante. Les flaveurs de pamplemousse et d’agrumes dominent en bouche avec une finale acidulée des plus agréable. À l’aveugle il pourrait facilement passer pour un sauvignon blanc de la Nouvelle-Zélande. Finalement, pour un deuxième millésime c’est très réussi.

Vous ferez de beaux accords avec des fruits de mer et poissons.

Le Saint-Féréol, Vin rouge, Produit du Québec, 2019, $18.00, cépages : 55% Frontenac noir, de 37% Marquette et de 13% Petite Perle, sucre : moins d’un g/l, alc. : 12%.

Le Saint-Féréol, Vin rouge, Produit du Québec, 2019

De jolis arômes de crème de fruits rouges bien frais avec une pointe de framboises et un soupçon de vanille. En bouche la texture est quelque peu ferme, l’acidité assez présente et les tannins sont équilibrés et tissés serré. Les flaveurs assez intenses de fruits noirs et de bleuets s’entremêlent avec de légères notes végétales. La finale bien fruitée dégage un soupçon d’astringence ainsi qu’un filet d’amertume. L’ensemble est agréable, équilibré et bien goûteux. Très réussi lui aussi pour un deuxième millésime.

Vous ferez de beaux accords avec des charcuteries, des plats à base de viande de porc, des pâtes avec sauce rosée et pizzas.

Entrevue avec François Robillard vigneron et co-propriétaire

VF (Vinformateur) : « Comment en êtes-vous venus à créer un vignoble au Québec? »

FR (François Robillard) : « Ça fait longtemps que je pensais à ça de partir un vignoble. Je lisais la-dessus, je prenais des formations sur la vinification du vin, comment partir un vignoble etc.  Mais mon travail ne me permettait pas de le faire. J’étais Directeur des Loisirs aux Cèdres et j’étais trop occupé car je travaillais pratiquement 7 jours semaine. Je n’avais pas vraiment le temps.

Puis j’ai pris ma retraite et j’ai su que le temps était venu d’essayer. On a alors décidé de s’installer sur la terre de mon grand-père qui avait été cédée à mon père et que ce dernier nous a vendu aux enfants.

Quand j’ai lancé l’idée du vignoble, il y a ma sœur qui s’est dit intéressée. Les autres enfants n’avaient pas d’intérêt à embarquer dans une telle aventure.

J’ai continué à prendre des formations en vinification, comment partir un vignoble au Québec, formation de la taille de la vigne, tout ce qui touche la vigne etc.

Préparation de la terre

En 2014 on a parti le projet en s’occupant prioritairement de la préparation de la terre pour la plantation en 2015. En 2015 on a planté 2,250 plants d’Acadie (cépage blanc) et 2,250 plants de Frontenac (cépage rouge). On a suivi les recommandations de Jérémie d’Hauteville notre œnologue conseil que j’ai eu la chance et le bonheur de rencontrer.

Jérémie d’Hauteville, R&J Oenology

On a planté des vignes sur greffe qui venaient de Niagara. La première année on a perdu tous nos 2,250 plants d’Acadie. Bien difficile de trouver la cause, on n’a vraiment pas d’idée sur les causes de cette perte. Certains disent que les plants n’étaient pas bons alors que le fournisseur dit qu’ils l’étaient. Bon, en tout cas, on les a perdus et on nous en a remplacé 700.

L’année suivante, on a commandé la différence et on a tout replanté. Et on en a encore perdu un bon 1,000 plants. Devant ces résultats, la deuxième année de plantation on a aussi planté du Frontenac noir, du Marquette et de la Petite Perle. On a aussi planté du Vidal et du Seyval.

Après ça, j’ai commencé à remplacer les vignes qu’on avait perdu avec l’aide d’Alain Brault (personnalité très connue dans le domaine viticole).

En 2018 on a fait fait les premières vendanges et puis il fallait construire la partie opérations c’est-à-dire la cuverie et l’entrepôt. Alors on est allé chercher un permis à la municipalité.  Ça a pris du temps et finalement on a commencé à construire au mois d’août et on finissait les vendanges à la fin septembre. Mettons que ça a été assez rapide comme construction pour être à temps pour la vinification.

Notre première année on a produit 3,700 bouteilles et en 2020 on a fait 4,000 bouteilles. En ce moment on travaille beaucoup sur la vigne pour obtenir un meilleur rendement parce qu’on a 2.5 hectares de vignes et on a 9,500 plants de vignes pas tous productifs. Donc on met beaucoup d’efforts sur les vignes. »

Vendanges

VF : « Vous vous dirigez vers quel mix de produits? »

FR : « On voulait faire 60% en blanc et 40% en rouge. On espère éventuellement faire des bulles, des vins sur glace. Mais pour l’instant on n’a pas assez de production pour faire ça. On s’enligne vers ça. On veut développer ça nous aussi à notre façon. « 

VF : ‘’Vous ajoutez du Seyval et du Vidal. Comment ça marche avec ces cépages? Croyez-vous toujours au cépage Acadie? »

FR : « On a tout gardé notre Acadie. L’an passé on a eu une petite production mais meilleure qu’avec le Vidal. Le Vidal ça fait maintenant deux ans, on a un peu de misère avec et on a pas une grosse production. La première année on n’en avait pas pire mais l’an passé on a eu de la misère à passer l’hiver avec. Cette année, on devrait avoir une bonne production d’Acadie si tout va bien parce que c’est bien parti en ce moment.

On va remplacer les plants de Vidal qu’on a perdu parce qu’on a beaucoup de plants de morts.

VF : ‘’De quelle façon protégez-vous vos plants de vigne en hiver? »

FR : ‘’Nos plants sont tous protégés avec des toiles. L’an passé on s’est fait prendre par la neige et on a réussi à tout déneiger et à poser nos toiles et on a enneigé par après. Un de mes amis vigneron qui est près d’ici me disait que l’an passé il les a laissé faire (sans toile) et que cette année ce sont ses plus beaux plants de vignes. L’Acadie sans toile c’est comme ça qu’il aime passer l’hiver. On ne sait pas trop pourquoi mais c’est comme ça. « 

VF : ‘’Beaucoup de challenges mais je pense que vous êtes content de vos vins? »

FR : ‘’Oui on est content et on a de la place pour de l’amélioration. Les commentaires des gens qui y ont goûté étaient bons. On a commencé à vendre le premier millésime au mois de juillet et en décembre on en avait plus. On faisait des activités sur le site comme la fête des voisins par exemple. Malgré tout, les gens revenaient en acheter. C’est intéressant! Finalement ce que les gens disaient c’est que le blanc était bien sec et cette année il est un peu moins sec que l’an passé. Les gens l’apprécient beaucoup.

Le rouge, le St-Féréol lui il n’est pas boisé. Il est différent de l’an passé. « 

VF : ‘’Le futur va vous apporter quoi selon vous? »

FR : ‘’Si on a plus de raisins on va peux-être faire un Vidal ou un Acadie. Possiblement l’an prochain planter des vignes de type Vinifera (cépages dits internationaux genre Chardonnay, Pinot Noir) pour voir comment on peut réussir avec ces cépages. »

VF : ‘’Vous avez combien de produits présentement? »

FR : ‘’On a quatre produits soit le rosé fait à partir du blanc avec du Frontenac noir, le blanc qui est un assemblage de Seyval, Vidal, Frontenac blanc et Acadie, le Tabarouette qui est un rouge boisé et le St-Feréol. L’an passé, les gens aimaient beaucoup le Tabarouette et cette année on en a fait plus et ça semble partir aussi vite. Les produits sont disponibles au vignoble et dans quelques points de ventes locaux.»

VF : ‘’Avez-vous assez de terrain pour de l’expansion possible? »

FR : ‘’Il nous reste encore 9 hectares de plantations potentielles. Mais c’est pas moi qui va les planter ces 9 hectares là. Pas rendu ou je suis rendu. En passant, on utilise des produits qui sont près du bio. On ne les utilise pas tous alors on n’est pas reconnu comme bio pour l’instant. Mais les 9 hectares ça fait déjà 2 ans qu’on plante du blé panifiable dessus sans intrant. On va peut-être agrandir tranquillement. Ça va dépendre de nos enfants. Comment ils sont intéressés par le projet. « 

VF : ‘’Et jusqu’à date comment trouvez-vous l’aventure vinicole? »

FR : ‘’L’aventure c’est ce à quoi je m’attendais. Étant donné que je m’étais renseigné et que j’avais suivi des formations ça m’a aidé. Je savais à quoi m’attendre. C’est vraiment beaucoup d’ouvrage mais c’est vraiment le fun. Cette année j’ai plus d’aide. J’avais appliqué pour accueillir des Guatémaltèques mais ça n’a pas fonctionné. Je viens tout juste d’engager une personne d’expérience qui a travaillé 6 ans dans un autre vignoble. J’ai aussi deux étudiants qui m’aident. Ça va nous donner un bon coup de main et je vais pouvoir me concentrer sur d’autres priorités Et il y a toujours Jérémie que j’ai eu la chance de rencontrer. Lors de notre première rencontre ça a beaucoup cliqué. Je bien content de mon aventure !!«