
Jean-Paul Brun, Morgon, Côte du Py, Javernières, Beaujolais, Domaine des Terres Dorées, vin rouge, 2020, 31,25$, cépage : Gamay 100%, sucre : 2 g/l, alc. : 13.5%, code SAQ : 14724536.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Jean-Paul Brun chez lui en avril dernier lors de ma visite du Beaujolais. L’un des producteurs iconiques de cette appellation et très bien connu au Québec, son domaine est situé à Charnay dans le sud du Beaujolais parmi des sols composés de pierres dorées qui façonnent non seulement les vins de la région mais aussi l’ensemble des habitations qui sont toutes bâties avec ces pierres. Quel coup d’œil lorsque le soleil se couche avec ses éclats d’or et d’ocre!!

D’ailleurs, fait à noter, depuis 2020, l’ODG Beaujolais Pierres Dorées (Organisme de Défense et de Gestion des Beaujolais et Beaujolais Villages) œuvre à la reconnaissance du Beaujolais Pierres Dorées en tant qu’appellation supérieure. J’ai eu le plaisir de rencontrer cette ODG et quelques vignerons qui la composent.

Quant à ce Morgon Côtes du Py Javernières il provient de Morgon l’un des 10 crus du Beaujolais et plus particulièrement d’un des 10 lieux-dits soit Côte du Py ‘’Javernières’’. C’est à partir d’une parcelle d’un hectare au pied de la Côte du Py à Javernières que Jean-Paul Brun élabore ce vin.
Il fait partie de l’orientation qualitative qu’il s’est donné avec le développement de vins provenant de climats et de lieux-dits.

Les pratiques viticoles et vinicoles qu’il met de l’avant sont dans un respect de l’environnement et il intègre plusieurs des pratiques bio. Les sols sont par exemple labourés à la charrue, et le cuivre ainsi que le soufre sont préférés aux produits phytosanitaires pour préserver les vignes. Les vendanges sont manuelles et ne se font qu’à pleine maturité. Dans la cave, le raisin fermente avec ses propres levures, issues du terroir et des macérations particulièrement longues de 4 semaines. Il pratique une intervention minimaliste dans la vigne ainsi que dans le chai.

Notes de dégustation
Un des meilleurs vins du Beaujolais que j’ai dégusté à date, ce Morgon Côte du Py Javernières est succulent, suave, élégant, d’une fraîcheur et d’un équilibre étonnants. Il se révèle au nez sur des notes d’épices (romarin, poivre, pain d’épices) de cerises et de mûres d’une belle concentration complétées par des effluves florales particulièrement aromatiques.
En bouche les flaveurs aériennes d’épices, de framboises, de fruits rouges aigrelets et de notes florales créent un univers aromatique unique, élégant et époustouflant de fraîcheur. Quel bel équilibre entre le côté épicée et fruité de ce vin. Et que dire de sa texture suave et veloutée qui se conjugue à une acidité bien fraîche et des tannins équilibrés et tissés serré.
Superbe finale sur des notes de framboises, d’épices et de notes florales!! Un vin qui amène le Beaujolais dans la stratosphère!
Vous ferez de beaux accords avec des saucisses, des filets de porc, du boudin noir, du bœuf bouilli ou mijoté longtemps.
Agence BMT – échantillon
Jean-Paul Brun – Domaine des Terres Dorées

Entrevue avec Jean-Paul Brun lors de notre visite chez lui en avril 2022.
‘’Au départ le domaine était une exploitation de polyculture incluant 4 ha de vignes. On a commencé à vinifier en 1977 et en 1979 j’ai pris la suite de mon père. J’ai arrêté la polyculture pour me concentrer sur le vin.
Il y a deux vins qui m’ont fait connaître qui sont le Beaujolais blanc et le Beaujolais l’Ancien. Je suis monté sur Paris, j’ai fait goûter et j’ai eu la grande chance de rencontrer des gens influents dans le domaine dont Jean-Christophe Esteffe et à vendre mes premières bouteilles. Puis petit à petit j’ai élargi ma gamme à laquelle on a ajouté une méthode ancestrale en Crémant.
Dans les années 1995 à 2000 nous avons la chance de pouvoir acheter des vignes dans les crus avec Côtes de Brouilly, Moulin-à-Vent et j’ai continué sur Morgon et Fleurie. Ce sont les 4 crus que je travaille le plus. Dans les 5 dernières années en fait avec la gamme de Beaujolais des Pierres Dorées et des crus j’ai commencé à faire des climats avec des lieux très précis de grande qualité dont Le Bussy avec des vignes ente 60 et 100 ans, Côtes de Py Javernières, Moulin-à-Vent La Rochelle et autres.
Le but c’est démontrer qu’on a des crus et des climats exceptionnels sur lesquels le Beaujolais peut s’exprimer. Maintenant c’est à plus de 50 ha et ça fait un peu grand. On produit environ de 450,000 à 500,000 bouteilles par an.
J’ai la grande prétention de travailler comme dans les 10 premières années de ma carrière quand j’avais entre 4 et 10 ha maintenant je travaille toujours pareil de la même façon. Il y a selon moi une façon très précise de travailler le vin. C’est un ajout de mille petits détails qui font le vin.
Maintenant je n’agrandis plus et je me concentre sur la qualité des vins. Quant à la vinification on a essayé plusieurs choses. Maintenant c’est bien cadré. On égrappe à 100% avec les rouges avec table de tri, égrappage, encuvage et on procède à 4 semaines de macération. Nous n’utilisons pas la semi-carbonique ni la carbonique.
Ces semaines de macération avec des pigeages à la main c’est comme en Bourgogne. On utilise des cuves en ciment. Le but des ces semaines de macération c’est vraiment qu’il y ait une osmose et que toutes les informations du terroir passent au vin. Ces 4 semaines représentent un cycle lunaire selon la biodynamie. Quant à moi les macérations sont beaucoup trop courtes pour que le terroir s’exprime dans le vin. C’est ce qui nous permet d’aller chercher le goût unique du terroir.
Je travaille avec les levures naturelles. Pour les blancs on laisse démarrer spontanément les moûts et pour les rouges on fait un levain. Mon père mettait de la vendange dans la cuve une semaine avant ce qui commençait à fermenter et le jour même des vendanges on remplissait la cuve. Ceci comportait certains risques. Nous on travaille avec un levain en liquide. Il a l’avantage d’être homogène. Et ce levain on en met un peu dans chaque cuve et ça démarre la fermentation.
On utilise donc les levures du terroir. Chaque année c’est la même famille de levures mais elles ne sont jamais parfaitement pareilles. Les levures de chaque millésime nous donnent donc un vin unique. Les levures naturelles sont logiques pour un vigneron engagé et passionné.
…L’élevage c’est important et moi je ne veux pas marquer le bois. Le Gamay ce n’est pas comme le Pinot. Le Pinot prend bien le bois alors que le Gamay ça le referme et il faut du temps pour qu’il s’ouvre à nouveau. Il faut utiliser de grands contenants lors du vieillissement.’’
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