Entrevue avec M. Luca Giavi Directeur Général du Consorzio Tutela Prosecco DOC.

Récemment avait lieu un Masterclass Prosecco animé par Guenael Revel personnalité bien connue du monde du vin et Yannick Achim Marchand-Fromager de la fromagerie Yannick. L’objectif était de démontrer le potentiel d’accords Proseccos et fromages du Québec. C’était franchement délicieux!

Masterclass Prosecco DOC Montréal

Organisé par la chambre de commerce italienne au Canada et le Consorzio Tutela Prosecco DOC nous avons dégusté 7 Proseccos DOC en accord avec 8 fromages. Vous pouvez accéder à mes notes de dégustation en cliquant sur le lien.

Masterclass Prosecco DOC Montréal: Guenael Revel, Yannick Achim, accords Prosecco et fromages du Québec

J’ai eu l’occasion lors de ce Masterclass de faire une entrevue des plus intéressante avec M. Luca Giavi (Direttore/Directeur Général Consorzio Tutela Prosecco DOC) et Tanja Barattin (Area Promozione e Valorizzazione/ Promotion et valorisation Consorzio Tutela Prosecco DOC).

Luca Giavi: Directeur Général Consorzio Tutela Prosecco DOC

Vinformateur (VF) : Le Proseco DOC est un véritable succès mondial avec des ventes en bouteilles qui dépassent celles du Champagne et du Cava combinés et ça ne fait qu’un peu plus de 10 ans que l’appellation a vu le jour. Quelle sont les causes de ce succès?

Luca Giavi (LG) : Le Prosecco est un vin qui est facile à comprendre. C’est un vin vendu à niveau de prix qui fait que le consommateur peut fréquemment le déguster et à chaque fois facilement retouver la fraîcheur, les notes citronnées, de pommes, de pêches ainsi que des notes florales typiques au Prosecco.

En comparaison, les autres types de vins mousseux ne sont pas si simples à comprendre et à reconnaître et de ce fait certains consommateurs peuvent trouvent l’expérience un peu plus compliquée. Cette distinction importante est la fondation même du succès du Prosecco.

De plus les occasions de boire du Prosecco sont plus nombreuses puisque c’est un vin qu’on pourrait qualifier de tous les jours et non pas que d’occasions spéciales. Un peu comme un jacket qu’on peut mettre avec des jeans, des pantalons de tous les jours et aussi de temps à autres avec du linge pour des occasions spéciales.

En Italie nous avons beaucoup de grands vins comme les Barolo, les Super Toscans et autres. Mais ce n’est pas tout le monde qui a le temps de préparer des repas et des mets qui sont en accords avec ces vins complexes. Alors qu’avec le Prosecco on peut l’associer à beaucoup de plats et des mets plus simples comme de la pizza ou des pâtes, du poisson, des viandes blanches, des légumes frits ou des fromages par exemple.

Enfin c’est un vin mousseux de qualité vendu à un prix accessible pour tous. On peut à ce prix s’assurer qu’on a toujours quelques bouteilles pour les amis. On n’a pas à attendre des occasions spéciales pour en ouvrir une bouteille.

VF : Avec tout ce succès du Prosecco voila que vous lancez un Prosecco Rosé qui lui aussi connaît un très gros succès. Pouvez vous m’en parler.

LG : Déjà certains producteurs faisaient du vin mousseux rosé générique qu’on pouvait méprendre alors pour un Prosecco Rosé ce que ce n’était pas. Cette situation pouvait confondre le consommateur. Le but alors était de mettre de l’ordre dans cette situation avec le lancement de la classification Prosecco Rosé DOC. Cette appellation déterminait alors de façon claire les limites de la provenance des raisins et la méthode de l’élaboration du Prosecco Rosé. Cette appellation garantit maintenant l’origine et la qualité du produit. On peut reconnaître cette certification sur la bouteille.

Par exemple le Prosecco Rosé doit passer 2 mois sur lies (fermentation plus longue en autoclave) ce qui assure entre autres une consistance au niveau de la couleur. De plus les proportions des cépages sont d’un minimum de 85% de Glera et de 10-15% de Pinot Noir et ce en version de Brut à Extra Dry.  Les vins dont 85% des raisins proviennent d’un seul millésime doivent indiquer Millesimato sur la bouteille.

Le lancement du Prosecco Rosé a eu un effet positif et attractif sur certains producteurs qui ne faisaient partie de l’appellation Prosecco DOC. Les critiques favorables des médias et des opérateurs quant à la complexité du Prosecco Rosé, sa texture crémeuse ainsi que sa fermentation plus longue ont apporté un vent de renouveau qualitatif au Prosecco. Enfin il y a eu un effet de ‘’premiumization’’ puisqu’il est vendu un peu plus cher que le Prosecco DOC blanc.

Fait important, lors de son développement il était important que le Prosecco Rosé respecte les caractéristiques du Prosecco au niveau de la fraîcheur et de son profil aromatique typique et particulier qui en ont fait son succès. Il fallait aussi respecter le profil du cépage Glera. On ne voulait pas juste en changer la couleur mais plutôt apporter une dimension aromatique nouvelle. Un nouveau type de Prosecco fruité et tout en fraîcheur.

Ce lancement a définitivement attiré l’attention du monde sur les vins rosés d’Italie autant du Nord que du Sud de l’Italie. Nous avons une longue tradition de vins rosés mais le Prosecco Rosé a comme éveillé l’attention sur cette catégorie.

VF : Avec tout ce succès comment allez-vous protéger votre appellation? Par exemple la Champagne fait un travail colossal a ce niveau.

LG : Le Consorzio a été mis sur pied en 2010 et ses actions avaient au départ un caractère plus promotionnel. Ses actions influent autant sur les producteurs que les consommateurs. Et ces derniers sont protégés par la législation européenne sur les appellations d’origine. En tant que producteurs nous nous devons de faire en sorte que nous protégeons le consommateur. Lorsqu’un consommateur achète une bouteille de Prosecco il faut qu’on puisse lui garantir que ce soit une vraie bouteille de Prosecco.

On a qu’à regarder ce qui se fait avec la protection d’appellations prestigieuses telles Grana Padano, Parmigiano Reggiano Parma pour guider les actions à prendre. Il est essentiel donc d’avoir ce Consorzio Tutela Prosecco DOC pour mettre en place les actions qui protégeront nos appellations et par le fait même le consommateur.

De nos jours nous faisons affaire partout dans le monde en tant que Consorzio de concert avec le gouvernement italien et avec la Commission Européenne pour garantir nos appellations. Je dois dire que lorsqu’on se compare nos standards sont particulièrement élevés par rapport à d’autres appellations. De plus en plus de pays respectent et protègent l’application de nos appellations dont la Russie, Les États-Unis, Le Canada, l’Inde. Nous travaillons à conclure une entente avec l’Australie. Quant à l’entente avec la Nouvelle-Zélande cette dernière a 5 ans pour se conformer à l’appellation Prosecco DOC.

VF : Vous connaissez un succès indéniable. Est-ce qu’avec ce succès vendra le temps ou des producteurs voudrons se distinguer encore plus d’autres producteurs? Comment feront-ils avec le même cépage et la même méthode de production?

LC : La réponse n’est pas facile ni simple. Cependant (le fait d’utiliser le même cépage et la même méthode de production) c’est une force du Prosecco. Quand les consommateurs achètent un Prosecco ils s’attendent à une expérience spécifique et beaucoup de producteurs répondent à cette demande du consommateur.

Si on regarde les champagnes est-ce qu’ils sont tous bons? Évidemment que non et ce même si tous les champagnes respectent les cahiers de charge. C’est un peu la même chose avec les Prosecco sauf que beaucoup de Prosecco se retrouvent dans la moyenne qualitative (mid level) qui satisfait les consommateurs. Il y a des différences entre les terroirs, les climats et entre autres le savoir-faire du producteur mais en général l’appellation Prosecco DOC offre au consommateur un produit qui rencontre ses attentes. À la fin le consommateur choisira le Prosecco qui fait son affaire.

VF : Quel est la qualité du lien entre le Prosecco et le lieu ou la région ou il est produit?

LC : Effectivement il c’est un aspect qui mérite notre attention. Quand les consommateurs parlent de Prosecco, ils ne font pas réellement un lien avec une région géographique particulière. L’histoire a été un peu la même avec le Champagne. On parlait de ce vin mousseux sans trop savoir d’ou il venait. Un peu comme une méthode de production (méthode champenoise) sans trop savoir la région d’où il origine. Et ça c’est très important pour le Prosecco d’établir un lien plus fort entre la région de production et le Prosecco DOC.

De plus le consommateur doit savoir qu’il peut reconnaître un vrai Prosecco à partir de l’étiquette sur le col de la bouteille.

VF : Dernière question. Quel est le futur du Prosecco?

LC : Nous devons produire du Prosecco de façon responsable qui tienne compte de l’environnement, de la qualité de vie de nos producteurs, de celle des communautés locales vivant dans notre région et en respect des consommateurs.

Déjà environ de 7 à 8% de la production est en bio. Nous sommes à développer un protocole qui incitent nos producteurs à adopter d’autres approches que la méthode conventionnelle. De plus nous sommes à évaluer des façons d’analyser notre empreinte carbone et entre autres l’utilisation de l’eau. Nous devons changer certaines mentalités.

VF : Merci beaucoup pour cette entrevue!!

Carte viticole Prosecco DOC
Carte viticole Prosecco DOC
Données clés Prosecco DOC - source Consorzio Tutela Prosecco DOC
Données clés Prosecco DOC – source Consorzio Tutela Prosecco DOC

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