
Chardonnay, Bourgogne blanc (Beaujolais), Domaine Emmanuel Fellot, vin blanc nature (en conversion au bio), 2020, 22,10$, sucre : 2.9 g/l, alc. : 13.5%, code SAQ : 14703946.
Bien qu’on retrouve l’appellation Bourgogne sur la bouteille il s’agit en fait d’un Beaujolais blanc que je considère comme un vin blanc de connaisseur. Ces vins sont rares (environ 5% de l’appellation selon La Revue des Vins de France) et vous avez l’occasion de profiter de ces vins de dégustation.
Les terres de prédilection pour le Chardonnay se situent à l’extrême nord du vignoble et au sud-ouest de Villefranche-sur-Saône. Les sols sont argilo-calcaire situés à mi-coteau face au Mont Blanc et on traite les vignes selon les principes la lutte raisonnée/agro-écologie en conversion vers le bio (2e année de conversion).
Quant à la vinification on utilise des levures indigènes (Vs des levures commerciales sélectionnées) et aucune chaptalisation (ajout de sucre pour stimuler la fermentation). Une fois pressés, les jus sont mis en fûts de 228 litres après 24h.
La fermentation alcoolique à basse température se termine en mars. La conversion malolactique se fait au printemps. On élève en fûts de Bourgogne anciens sur les fines pour apporter du gras et de la finesse avec un léger boisé. Les fûts sont soutirés au bout d’un an juste avant les vendanges et la mise en bouteille a lieu en octobre.
Notes de dégustation
En avril dernier je visitais Emmanuel et Nadège Fellot lors d’un voyage d’une semaine dans le Beaujolais et lors de la dégustation de ce vin je me suis remémoré les instants passés avec Emmanuel et Nadège et leur passion de vignerons. Alors voilà Emmanuel et Nadège, j’adore votre vin! Il m’enchante et me réjouit à la fois.
Votre vin se révèle au nez sur des arômes forts complexes qui tout à tour viennent faire leur petit tour sans toutefois jamais dominer. Des notes d’agrumes, de fruits jaunes, de vanille et de notes florales soulignées par un soupçon de pommes, de beurre ainsi qu’une trame de caramel.
La bouche poursuit cet enchantement avec une perception de richesse apportée par une texture légèrement grasse, une acidité assez relevée et des flaveurs éclatantes de pommes et de fruits jaunes qui perdurent de façon soutenue. Tout en contraste, une belle tension accentuée par une sensation de minéralité ajoutent leur petit côté incisif ainsi qu’une belle énergie.
Et que dire de son excellent rapport qualité/prix!
Il s’accordera si bien avec des volailles, des poissons à la crème, une salade de chèvre chaud ou un gratin aux fruits de mer.
Merci Emmanuel et Nadège pour faire un si bon vin et à l’agence Les InvinQ qui m’a fait parvenir cet échantillon.
Domaine Fellot – Nadège et Manu

Vignerons depuis 6 générations, Manu et Nadège Fellot et leurs trois filles travaillent en famille une vingtaine d’hectares en Beaujolais et en Crus Brouilly et Cote de Brouilly. Ils cultivent leur terroir en agroécologie dans plus de 80% des vignes pour apporter plus de biodiversité dans leurs vignes.
On y sème des couverts végétaux entre les rangs pour apporter de la biodiversité dans les sols tout en favorisant la présence d’abeilles et de toute la faune locale. Ces techniques soutiennent cette conversion vers l’agriculture biologique sur toutes les vignes de Chardonnay (Blanc) et de Gamay (rouge). Paysans dans l’âme, ils élèvent également des vaches en Bio qui procurent du fumier pour amender les terres.
La vinification s’inscrit dans la tradition par une « macération carbonique » de 6 à 20 jours afin de respecter le terroir et l’effet millésime. L’élevage est réalisé dans des cuves ciment, foudres en bois et fût de chêne Bourguignon.
Certaines cuvées sélectionnées des vins blancs et des crus sont élevées en fût pendant une année dans la cave voutée régulée naturellement.
Emmanuel est un passionné qui touche à plein de choses par amour. Il aime ses vins, il aime ses vaches. Il est aussi très impliqué dans diverses organisations professionnelles dont entre autres l’Inter Beaujolais à bâtir le capital encore plus qualitatif des appellations. Quand il fait les choses, il les fait bien.
Lors de notre visite en avril dernier, nous avons avec lui fait un tour de ses vignes puis il nous a fait faire un peu d’oenotourisme, pour enfin déguster ses vins et quelques-uns de ses amis vignerons. Le tout s’est terminé autour d’un souper typiquement Beaujolais concocté par Nadège.

Du saucisson traditionnel selon la recette beaujolaise de Nadège, une superbe sélection de leurs fromages et un flan que nous avons mangé vers 1h30 du matin après une visite bien remplie. Et dire que Nadège avait une rencontre importante le lendemain matin vers 8 :30 et Emmanuel avait des vignes à planter vers 7 :30 le matin à Brouilly. Ils sont fait forts ces gens du Beaujolais!! Et ils sont généreux et recevants! Allez les visiter et achetez de leurs excellents vins.
Voici quelques extraits des commentaires d’Emmanuel suite à ma visite chez lui en avril dernier.

‘’Ici c’est une exploitation familiale depuis 1829. Nous sommes 5 frères dans la famille mais je suis le seul à faire du vin. En vignes on a à peu près 25 ha (et des vaches aussi…ce qui fait de l’engrais pour les vignes). Historiquement tout autour de la maison il y avait de la vigne et puis avec le temps ça a grandi. Je me suis installé au début en 98 avec 4 ha et depuis 2008 on est passé en bio. On est de plus en plus nombreux à travailler en bio. On respecte le sol et on essaye de ne pas impacter la nature et ce pour avoir en fin de compte des vins vivants.
On ne veut pas avoir de vignes Tchernobyl ou il n’y a plus rien. Nous sommes à la limite des Pierres Dorées. En fait nous sommes sur des granites ou des Pierres Bleues. C’est facile dans le Beaujolais de connaître les sols. On a qu’à regarder de quoi sont faites les maisons. Celles qu’on pouvait tailler, donc les pierres d’angle étaient en général des Pierres Dorées. La roche mère c’est du granite, un peu plus loin c’est de l’argilo calcaire, on trouve parfois des coquilles d’huîtres car il y avait la mer ici avant et du ‘’rocher pourri’’. On des terrains très variés dans le Beaujolais vous avez dû le voir…
Dans le Beaujolais ce ne sont que de bosses. C’est plus dur à travailler qu’en Bourgogne avec des petites parcelles morcelées.
Nous avons des vignes dans le Beaujolais, Beaujolais-Village, Brouilly et Côtes de Brouilly, des vignes que j’ai repris en 2009 en location. Au fil du temps j’ai arraché pour planter du Chardonnay et du Pinot Noir. J’ai aussi essayé du Viognier, du Pinot Gris pour essayer comme ça même si ce n’est pas en appellation Beaujolais. Lui le Gamay il se plaît un peu partout mais il est mieux sur des terrains granitiques. Plus le terrain sera acide moins le vin le sera’’.
Quant aux vignes les terrains dans la partie sud du Beaujolais sont moins chers que dans les crus et coûtent de 5 à 30,000 euros l’hectare. Dans les crus ça va de 50 à 120,000 euros l’hectare. Pour donner un exemple en Côte Rôtie ça va jusqu’à 1,300,000 euros l’hectare. Et en Champagne et en Bourgogne on n’en parle pas…
Historiquement dans le Beaujolais c’était assez féodal. Il y avait beaucoup de châteaux avec des métayers qui donnaient la moitié au propriétaire. Il y en a encore pas mal surtout dans le nord du Beaujolais. Beaucoup de bourgeois Lyonnais au XIXe siècle qui ont fait fortune dans la soie ont acheté et ou fait construire de ces maisons’’.
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