De nos jours approximativement 8 à 10% des vignobles du monde sont en bio et ce phénomène est en forte croissance. Mais retournons 25 ans en arrière. Qui parlait de vin bio ? Et voila qu’en 1993, un couple de québécois (Mario Plante et Carole Desrochers) se met dans la tête de produire les premiers vins bio au Québec.
Et qui dit bio, dit : pas de produits chimiques de synthèse, limitation des sulfites, beaucoup plus de travail manuel de la terre et plein d’autres implications assez contraignantes . Il faut des êtres d’exceptions animés de convictions solides et bien ancrées pour faire ce qu’ils ont fait et ce qu’ils continuent de faire après 25 ans. Ce sont de vrais pionniers!
Alors Mario et Pauline, après avoir tenté de faire du vin à partir de raisins californiens, achètent une terre expropriée à Mirabel ‘’une terre tissée de roches’’ de 2 hectares (imaginez il a fallu enlever 110 camions de roches avant de planter la vigne) et se lancent dans le vin bio. Mais au tout début ce n’était pas évident car l’expertise québécoise en bio était pratiquement inexistante ou vraiment embryonnaire. Il y en avait un peu de la France mais les conditions climatiques du Québec sont bien différentes alors les conseils n’étaient pas nécessairement applicables.
Cette terre, Mario l’a choisie selon diverses sources d’analyse des sols, le niveau des pentes et selon le micro-climat de la région. Il a bien étudié les divers cépages, le nombre d’unités d’ensoleillement nécessaire pour amener les raisins à parfaite maturation et l’orientation de la terre. Il décide de focusser sur des vignes rustiques et semi-rustiques (Seyval, Cayuga etc.) ce qui s’avérera un choix des plus judicieux. Pour lui pas de Vitis Vinifera (des cépages dits nobles tels le chardonnay, cabernet-Sauvignon, merlot etc) car les conditions climatiques ne peuvent permettre, selon lui, une bonne maturation des raisins. De plus les géo-textiles utilisés pour les protéger du froid doivent être jetés au bout de 5 à 7 ans ce qui n’est pas très bio selon Mario.
Ils font tout eux-mêmes sur leur vignoble et sont complètement autonomes. Pendant que je parle avec Mario, Carole saute sur son tracteur pour aller faire ses travaux de la vigne. Le matin vers 5-6 heures le jour même, Mario a effectué un traitement biologique de ses vignes pour contrôler les maladies de la vigne. Toute la vinification est faite par eux. Pour eux c’est vraiment un mode de vie.
Alors, ils font des vins vraiment à leur goût. Ils ont maintenant 3 hectares et font 10,000 bouteilles de vin (80% en blanc et 20% en rouge) avec leurs 10,000 pieds de vigne. Ils utilisent surtout du Seyval, du Cayuga, du Marquette (qui fait des vins le fun selon Mario) et quelques autres cépages. Mais, si ce n’était que de lui, il ne ferait que du blanc car ce sont les vins les plus appréciés. Leurs rendements sont passablement bas, ce qui est gage de qualité.
Ils apportent beaucoup d’importance à la maturité de leurs raisins et on le voit quand on les goûte. Les vins sont manipulés le moins possible, le travail est effectué par gravité, la filtration est minimale et l’utilisation des sulfites est réduite au minimum. Et tous leurs vins se vendent tous et pas mal rapidement à part ça! Déjà, il ne restait que quelques-uns de leurs vins avec des quantités assez limitées. Il faut y aller plus tôt dans l’année pour en avoir. Surtout dans le cas du Julep (vin orange super bon) dont ils ne produisent que 2,000 bouteilles chaque année.
Les vins dégustés avec Mario :
Parmi la dizaine de vins élaborés par le vignoble j’ai goûté à ces trois vins.
Le St-Vincent, vin blanc, 2016 , $19.00, est élaboré avec du Cayuga et du Geisenhem. De belles notes de poires, de fruits exotiques, de noyaux de pêches qui lui donnent une légère amertume qui s’allie bien à une belle acidité qui fait saliver. Belle sensation de minéralité qui donne un vin bien droit. Le vin a un beau moelleux légèrement gras et est doté d’une belle fraîcheur. Oh que c’est bon !!
Le Redbulles, un vin rouge mousseux élaboré avec du Ste-Croix ainsi que du Frontenac et du Maréchal Foch, $28.00. C’est la deuxième année de production. Des notes de fruits rouges bien frais ainsi que des notes de barbe à papa. En bouche, les bulles sont fines, c’est bien crémeux, tout en fruits avec une belle fraîcheur et goût d’une belle persistance. Vous dire que c’est bon…Un must pour toute occasion!
Le Suroît, 2017, vin rouge Naturel élaboré avec du Maréchal Foch et du Marquette, $21.00. Des notes délicates de fruits rouges bien frais. En bouche le vin est bien équilibré avec un moelleux un peu ferme, une belle acidité bien fraîche et des tannins gouleyants. Un vin d’une belle buvabilité.
Je n’ai goûté au fameux Julep, vin orange, de cette année car il n’y en avait plus. Dommage. Selon Mario, le millésime le plus récent est moins sur les agrumes, plus sur la pêche avec de belles notes d’épices douces. L’acidité est plus élevée avec de beaux tannins et une légère amertume. On se reprendra tous l’année prochaine.
Vous voulez faire les vendanges au vignoble?
Le vignoble est ouvert aux groupes de 10 à 15 personnes qui souhaitent vivre une expérience de vendange. L’activité se déroule la fin de semaine de 9h à 17h et les participants doivent apporter leur dîner. La journée se termine par une dégustation de nos vins accompagnés de fromages et autres victuailles.
Vous voulez visiter le vignoble?
Offrez-vous une visite commentée par les propriétaires sur réservation pour les groupes de 10 personnes et plus. Celle-ci comprend une description du travail de la vigne en marchant le vignoble et une présentation de la machinerie viticole. Elle se poursuit par un survol des étapes de la vinification dans le chai complétée par une dégustation de quelques vins.
Contactez le vignoble: http://www.negondos.com/
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