Dans tous les pays du monde et particulièrement en Italie les consommateurs demandent des vins issus d’une agriculture durable tels des vins bio, biodynamiques, des vins dits ‘’nature’’ et autres types (vins issus d’une agriculture durable). Déjà divers labels ont été mis sur pied afin de baliser les procédures visant à élaborer de tels vins afin d’en assurer la qualité et la provenance et permettre aux consommateurs de se retrouver dans cet univers grouillant de changements.
Simei: Une vitiviniculture durable – Une opportunité pour les entreprises et un potentiel de marché.
Durant le récent salon Simei qui se tenait à Milan (organisé par Unione Italia Vini) divers intervenants se sont réunis afin de faire le point sur ce sujet et plus particulièrement pour le marché de l’Italie. Car il faut savoir que plusieurs labels sont utilisés afin de produire et d’identifier de tels vins en Italie ce qui peut créer de la confusion pour les producteurs et les consommateurs. Des labels tels 3 ‘’R’’ (Reduce, Reuse, Recycle), Viva, SQNPI (Integrated Crop Management National Quality System SQNPI), Equalitas, Tergeo, Ecocert, Demeter et autres sont utilisés. Ne serait-il pas plus simple de n’en avoir qu’un seul et que ce soit clair et simple pour tout le monde? C’est le but visé par tous.
Ces intervenants étaient Giorgio Dell’Orefice (Il Sole 24 Ore), Emanuele di Faustino (Wine Monitor – Nomisma), Alessandro Barbieri (Valoritalia), Stefano Stefanucci (Equalitas), Giovanni Rizzotti (Unione Italia Vini) et se sont rencontrés sous le vocable – L’Agriculture durable – Une opportunité pour les entreprises, un potentiel de marché.
Ce que j’ai trouvé intéressant c’est l’analyse exécutée et compilée par Nomisma qui établissait et quantifiait hors de tout doute le potentiel de marché de ces types de vins. Car, alors que les vins bio, biodynamiques et ‘’nature’’ représentent approx. 10 – 12% des vins sur une base mondiale, il faut bien convaincre les autres producteurs du potentiel de marché pour les stimuler à se joindre au mouvement.
Les tendances consommateurs : quel est donc le potentiel des vins ‘’durables’’.
Emanuele di Faustino de la firme Nomisma nous a présenté les plus récentes tendances.
Tout d’abord alors que les ventes de vins connaissent une croissance de +2.1%, les vins effervescents croissent de +13% et les vins bio de +41% en 2018. Ces derniers représentent définitivement un potentiel.
Parmi les raisons qui motivent les achats accrus des consommateurs on retrouve : les vins qui proviennent de raisins autochtones (45%) et le fait qu’un vin soit de provenance biologique (38%).
Parmi les critères les plus importants qui guident l’achat on retrouve : la réputation du producteur et sa certification (44%) et le respect pour l’environnement (36%).
Que veut dire ‘’vin/agriculture durable’’ pour le consommateur italien? : Respect pour l’environnement (47%), un producteur qui minimise et conserve l’énergie (25%), respect du patrimoine (24%), pratique une agriculture bio (22%).
Cette pratique d’une agriculture durable améliore la perception du producteur et de ses vins tant au niveau prix, qualité que ses caractéristiques organoleptiques.
De plus en plus de consommateurs disent qu’ils achèteront des vins bio au courant de l’année qui vient : États-Unis 40%, Angleterre 34%, Belgique 22%, Chine 35%.
Le marché des États-Unis
Aux États-Unis, 17% des consommateurs achètent des vins certifiés durables (Napa Green, Lodi Certified Green, Certified California Sustainable etc.). Les attributs jugés les plus importants sont : la réduction des pesticides et des fertilisants, réduction de l’utilisation d’eau, respect de l’éco-système et de l’environnement etc.
De plus 43% des consommateurs disent que leur perception du producteur et de ses vins s’améliorent lorsqu’il adopte une telle pratique. Enfin ce sont surtout les milléniaux et génération X qui achètent ces produits. Ils ont tendance à être plus éduqués et ont des revenus supérieurs à la moyenne.
Parmi les non-acheteurs de vins bio, 86% présentent de l’intérêt pour de tels produits et 56% seraient prêts à dépenser plus pour un tel vin.
Observations et conclusions
La situation actuelle indique que ce type de vin est encore un marché de niche (mais promis à une forte croissance), le consommateur est confus quant à sa compréhension de ce qu’est ce type de vin et finalement il y trop de labels sur le marché.
Les opportunités : Les questions environnementales sont jugées très importantes et il faut les adresser avec les produits appropriés ce qui représente un fort potentiel. De plus, les milléniaux et les marchés étrangers représentent un fort potentiel de développement.
Ces observations et conclusions sont valables pour la majorité des marchés mondiaux et ce évidemment à divers degrés. Les vins issus de l’agriculture durable représentent un important potentiel de développement.
Voici donc en résumé les points clés des divers présentateurs :
Valoritalia – SQNPI
Valoritalia a été fondée en 2009 pour répondre à la nécessité de s’adapter au système de contrôle mis en place avec le nouvel OCM Vino, grâce à la collaboration de deux grandes sociétés internationales: Federdoc et CSQA Certificazioni. Par la suite, s’est ajoutée en 2017 la participation de Unione Italiana Vini qui a par la suite quitté la structure de l’entreprise.
Valoritalia est l’organisme de pointe de certification viniviticole en Italie dont les responsabilités sont le contrôle et la certification de l’ensemble des vins (DOC, DOCG, IGP et autres). Ils définissent comme agriculture durable celle ou on n’utilise pas d’OGM, d’engrais chimiques, de pesticides, de fongicides, d’herbicides ni aucun produit dérivé de pétrole.
Les objectifs visés sont : Maintenir la vitalité et la fertilité des sols, augmenter la biodiversité, protéger la santé des animaux et des plantes, stimuler les défenses naturelles et sélectionner des espèces adaptées aux conditions locales.
Depuis 2016, Valoritalia supporte le programme SQNPI (Integrated Crop Management National Quality System) qui est un programme volontaire d’agriculture ‘’intégrée ‘’ qui rencontre les principes précédents. Déjà 22,131 hectares (+111.70%) et 1445 producteurs (+73%) ont été certifiés en Italie.
Tous les producteurs certifiés peuvent s’identifier avec le logo de l’organisation.
Equalitas
Equalitas a été fondée en 2015 par Federdoc et Unione Italiana Vini et plus tard supporté par l’organisme Valoritalia, Gambero Rosso et 3AVino dans le but d’appuyer le développement d’une agriculture durable et d’unir l’ensemble des divers programmes en cours. On dénotait selon diverses sources environ 15 programmes à ce moment.
L’objectif clé chez Equalitas est de diffuser, en Italie, une approche unique de développement durable dans l’industrie vitivinicole, fondée sur des piliers sociaux, environnementaux et économiques. Enfin de développer une marque offrant la meilleure garantie aux consommateurs.
Cette certification a été créé afin d’être appliquée à l’ensemble de la production du vin. Elle est passablement large car elle comprend les trois niveaux de production soient : le producteur (niveau corporatif), le produit fini (raisins, moût, vin) et le terroir/territoire. Elle est basée sur un système de gestion qui dot être intégré à l’ensemble de l’entreprise. Des objectifs mesurables sont identifiés et doivent être rencontrés sur une base annuelle. Ceci permet le développement de rapports qui quantifient l’atteinte de ces objectifs.
Cette approche promeut de bonnes pratiques agricoles : (irrigation, biodiversité etc.), des bonnes pratiques au niveau de la production : (vinification, embouteillage, emballage), de bonnes pratiques sociales : (droits des travailleurs, formation, satisfaction des employés, satisfaction de la communauté), de bonnes pratiques économiques : incl. incentifs pour atteindre des cibles environnementales ainsi que de bonnes pratiques de communication : responsabilité sociale, atteinte des cibles, développement d’une politique de durabilité.
Cette certification a été reconnue comme un modèle d’agriculture durable par Alko le monopole finlandais, orIGin et par la Federation Espanola del vino. Elle a de plus développé un partnership avec l’association Amfori.
Présentement, six Consorzios ont démontré un intérêt à adopter la certification Equalitas soient : Franciacorta, Lugana, Prosecco, Lambrusco, Castel del Monte et Vino Nobile di Montepulciano.
Dans le futur, Equalitas participera avec SQNPI, Viva et Tergeo à l’élaboration d’une norme unique dans le développement de la vitiviniculture durable.
Unione Italia Vini
Giovanni Rizzotti nous a présenté le point de vue l’Unione Italia Vini, organisme principal qui déterminera avec les instances gouvernementales cette pratique commune recherchée par tous les intervenants du milieu.
Cette opportunité de produits durables ne cesse d’être documentée. Une récente étude menée par l’UE (2019) indique que 85% des commerces ont augmenté leurs ventes de produits durables dans les 5 dernières années. Cette croissance était de 10% et plus pour 65% de ces commerces.
92% des commerces s’attendent à ce que ces produits continuent d’augmenter dans les 5 prochaines années. Cette croissance sera de 10% et plus pour 74% d’entre eux. Une étude Engage-minds Hub indique que 48% n’ont pas acheté un produit parce que jugé non durable.
L’organisme reconnaît d’emblée l’opportunité qui se présente à l’ensemble de l’industrie et le besoin d’une seule approche commune tant pour les divers joueurs dans l’industrie vitivinicole qu’au niveau des consommateurs. Pour ce faire, il faudra créer une atmosphère de collaboration entre les diverses parties autant au niveau gouvernemental qu’au niveau des divers Consorzios en Italie.
Il faut aussi reconnaître que les types d’agriculture bio et biodynamique ne sont probablement pas les solutions à long terme à cause de la problématique causée par l’accumulation de cuivre dans le sol avec la ‘’bouillie bordelaise’’. En fait, on note des accumulations de cuivre dans le sol ce qui à la longue l’appauvrit. Il faut donc trouver des solutions qui soient plus holistiques comme celle d’Equalitas par exemple.
Selon Unione Italia Vini, la durabilité de la viticulture devrait être presque un impératif pour les régions du pays où la viticulture est plus répandue et où il y a des conflits entre les populations et les producteurs qui sont encore en agriculture conventionnelle avec l’utilisation de produits chimiques.
Conclusion
Compte tenu des changements constants au niveau de la classe politique en Italie et du grand nombre de Consorzios et des divers objectifs de tous et chacun, il me semble qu’il ne sera pas facile d’atteindre cet objectif d’un label commun qui certifiera un système d’agriculture durable. En fait, l’ensemble des joueurs aura à trancher entre les principaux systèmes soient Viva, SQPNI, Equalitas et Tergeo. Le programme Equalitas semble avoir une longueur d’avance.
D’un autre côté, l’importance de l’enjeu du point de vue économique mettra certainement de la pression sur les différents joueurs afin d’atteindre cet objectif. On leur souhaite bonne chance!
Sources:
https://www.ilsole24ore.com/art/vino-sostenibile-uno-standard-unico-filiera-ACYmXG1?fromSearch
https://www.unioneitalianavini.it/
http://wineobservatorysustainability.eu/en/sharing/VIVA-Sustainability-and-Culture.9/
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