Récemment j’étais convié à la célébration des 25 ans du vignoble Rivière du Chêne situé à Ste-Eustache. Cet événement était souligné lors du ‘’Souper VIP du Vigneron’’ auquel Daniel Lalande vigneron propriétaire avait invités clients, collaborateurs et les média.

Cette aventure qui a débuté en 1998 avec quelques hectares et un grand rêve a culminé en une réussite exemplaire. Un incendie majeur en 2007 a, par contre, failli anéantir ce rêve. Mais c’était sans compter la résilience de Daniel et de son équipe qui ont alors tout reconstruit, rebâti. De nos jours le vignoble de 25 hectares produit environ 300,000 bouteilles par an et est sans contredit une destination oenotouristique incontournable. Le vignoble Rivière du Chêne se positionne indiscutablement parmi les plus importants producteurs de vin au Québec.

Je connais Daniel Lalande depuis quelques années pour avoir commenté ses vins et l’avoir interviewé à quelques reprises. C’est selon moi un être d’exception, un leader, un visionnaire et un passionné. Sa passion a plus que probablement pris racine sous l’impulsion et l’influence de M. Charles-Henri de Coussergues vigneron et propriétaire du vignoble l’Orpailleur célébré depuis des années pour ses vins.

D’ailleurs Daniel a amplement fait l’éloge de Charles-Henri lors de cette soirée ou on pouvait ressentir beaucoup d’émotions et beaucoup de respect. À cet effet j’ai inclus l’allocution de Daniel en fin de chronique.

Et vous dire combien nous avons apprécié cette soirée qui célébrait non seulement les vins du vignoble mais aussi sa cuisine. Le souper 4 services, chacun en accord avec son vin, a été concocté par le chef exécutif Cyril d’Ascanio, français d’origine qui a parfait sa formation au Québec et travaillé à l’hôtel Chanteclerc, Estrimont Suite & Spa, Sheraton Laval, Hôtel Suites Lac Brome.

Ces mets ont été développé avec comme point de départ le profil aromatique de chaque vin qui lui est associé. Incroyable cet univers bistronomique qu’il a développé créant ainsi une parfaite harmonie avec les plats proposés. 

Ces plats proposés lors de ce menu gastronomique s’inscrivent déjà au menu du soir du restaurant ‘’soirées accords et tapas’’ dont chaque plat est d’une générosité tellement satisfaisante. À ces plats peut être combiné un trio de vins à 25$ pour 3 verres de vin (5 onces) au choix parmi toute la gamme VRDC et La Cantina, Vallée d’Oka.

Souper VIP du vigneron – édition du 25^e anniversaire

Vins servis à l’apéritif

Monde, Les Bulles, VRDC, IGP Québec, 29,85$, cépages : Seyval Blanc 56% – Chardonnay 23% – Vidal 21%, sucre : 15 g/l, alc. : 11%, code SAQ : 12359871.

Ce vin élaboré selon la méthode dite « traditionnelle » avec une première fermentation en cuve inox. La deuxième fermentation se fait en bouteille et l’élevage qui dure de 9 à 12 mois minimum vient affiner les bulles et augmenter la complexité aromatique. C’est au moment du dégorgement qu’on procède à l’ajout de liqueur à base de vin de glace.

Notes de dégustation

Très beau vin mousseux qui se découvre au nez sur des arômes bien nets et définis de pommes, de notes résolument florales, d’agrumes ainsi qu’une pointe de sucre d’orge.

En bouche la texture crémeuse et précise est soulignée par ces milliers de bulles fines d’une belle persistance et par une acidité très fraîche. Amplitude bien soutenue et d’une longueur appréciable.

Vignoble Rivière Duchêne, Le Rosé Gabrielle, 2022, 17,25$, vin du Québec IGP, cépages :  Seyval noir 47% – Pionnier 25% – Ste-Croix 11% – Frontenac gris 8% – Frontenac rouge 3% – Marquette 3%, Triomphe d’Alsace 3%, sucre : 2.9 g/l, alc. : 12%, code SAQ : 10817090.

La fermentation de chacun des cépages se fait en cuve inox de 2 à 3 semaines à 15 degrés afin de préserver toute la fraîcheur des arômes. L’élevage sur lies est très court. Le vin est mis en bouteille à la mi-février.

Notes de dégustation

Ce rosé est un assemblage de plusieurs cépages hybrides du Québec. Résolument charmeur avec un nez sur des arômes floraux, d’agrumes, de pêches ainsi qu’un soupçon de fruits rouges.

La bouche est des plus rafraîchissante avec une acidité assez marquée. Les flaveurs perçues au nez se prolongent sur une finale qui se termine avec une légère amertume.

1^er service

La Torta végé

Pâte phyllo, légumes grillés, fromage de chèvre et sauce crémeuse au chou-fleur

Cuvée Natashquan, Vignoble de l’Orpailleur, vin blanc, IGP Québec, 2020, 30,50$, cépages : Vidal 60 %, Chardonnay 40 %, sucre : 3.3 g/l, alc. : 13.5%, code SAQ : 14803517.

La fermentation se déroule en fût de chêne dont 30 % en fût neuf. Les trois premiers mois, le maître de chai bâtonne le vin afin de remettre les lies fines en suspension et ainsi lui donner volume et gras. L’élevage complet sera d’une durée de 12 mois.

Notes de dégustation

Ce vin se révèle sur des notes beurrées avec un petit côté boisé bien intégré et de belles notes de fruits jaunes et de poires.

En bouche c’est ce côté lacté en harmonie avec les flaveurs fruitées qui créent avec cette texture légèrement grasse un vin d’une belle richesse. Quelques touches de vanille viennent agrémenter cet ensemble équilibré et fort goûteux.

2^e service

Les Gnocchis

Gnocchis maison, sauce crémeuse, épinards, carré de boudin de la Ferme des Bois Noirs et pétoncle saisi.

Un tout nouveau vin était servi avec ce plat!

Chardonnay VRDC, Vignoble Rivière du Chêne, 2021, 23,48$ (au vignoble),sucre : 1.8 g/l, alc. : 13%.

La fermentation alcoolique s’effectue en cuve inox pendant quelques semaines à température de 14 degrés. L’élevage de quelques mois se fait en fût de chêne français et est accompagné de bâtonnages pour procurer du gras et de la rondeur au produit. L’assemblage final se fait juste avant la mise en bouteille.

Notes de dégustation

Ce Chardonnay saura faire l’unanimité parmi les amateurs de vins avec ses effluves de beurre frais, son soupçon de vanille et ses notes de fruits jaunes frais et mûrs. On ne sent pratiquement pas l’influence du bois au point de vue aromatique malgré le vieillissement en fûts de chêne français.

En bouche très bel équilibre avec un léger boisé bien intégré ainsi qu’un soupçon d’épices qui se conjuguent aux flaveurs résolument fruitées.  Très belle amplitude bien soutenue. Superbe finale sur une touche de vanille et une légère note grillée. Une réussite assurée!

3^e service

La joue de porc braisée

Marinade au vin William rouge, champignons sauvages et mousseline de panais.

Un tout nouveau vin était servi avec ce plat!

Origine, Cuvée spéciale du 25^e, Vignoble Rivière du Chêne, 2021, 28,00$ (au vignoble),cépages : Pinot noir 52% / Petite Perle 48%, sucre : 3.8 g/l, alc. : 12%. ­­­­­

Cet assemblage de Pinot Noir et de Petite Perle est élevé en fût pour un minimum de 11 mois. La grande majorité des fûts de chêne sont français et le reste, des fûts américains. Des bâtonnages ont été effectués tout au long de l’élevage pour apporter rondeur et souplesse.

Notes de dégustation

Ce vin démontre au nez des arômes de fruits rouges bien mûrs, de prunes avec ce côté boréal typique de l’ajout du cépage Petite Perle.

En bouche c’est la fraîcheur du vin qui étonne avec ses flaveurs de fruits rouges aigrelets comme certains Gamay peuvent nous donner. Le tout est souligné par de beaux tannins bien équilibrés.

4^e service

Fromages du Québec et chocolats

Assortiment de fromages et chocolats du Québec

Cuvée glacée des Laurentides, Vendange Tardive, Vignoble Rivière du Chêne, 2022, 29,15$, cépage : Vidal 100%, sucre : 106 g/l, alc. : 9%, code SAQ : 735001.

À la mi-décembre, les raisins sont pressés sans foulage, ni éraflage à une température extérieure de – 6 degrés. Il s’agit d’une récolte tardive. La fermentation alcoolique se prolonge sur deux à trois semaines jusqu’à l’équilibre parfait entre le sucre, l’acidité et l’alcool.

Notes de dégustation

De belles notes de sucre d’orge avec des notes de pommes belettes ainsi qu’une petite dose d’épices. En bouche on savoure cette superbe densité et cette profondeur des flaveurs qui se conjuguent à une acidité qui équilibre la perception du sucre résiduel. En résulte un vin dessert d’une étonnante sapidité.

Éraporteros, vin fortifié aromatisé au sirop d’érable, 500 ml, 20,45$, cépage : Marquette 100%, sucre : 71 g/l, alc. : 15,5%, code SAQ : 11440407.

Lors de la récolte, un lot de raisins est sélectionné et pressé directement sans macération. Au cours de la fermentation, un mutage à l’alcool de grain est effectué afin d’obtenir une fermentation partielle sur ce lot. Le vin muté est ensuite assemblé avec une quantité de vin rouge élaboré de façon traditionnelle. L’élevage se fait en cuve inox pour une période d’environ un an. Pour finaliser le produit, on procède à un ajout de sirop d’érable foncé pour apporter le côté sucré du produit et on le fortifie avec de l’alcool de grain pour arriver à un niveau d’alcool à 15.5%.

Notes de dégustation

J’ai beaucoup apprécié ce vin qui se démarque par son côté résolument fruité sans cette sucrosité ‘’concentrée’’ qu’on peut retrouver dans les portos. Il se découvre au nez sur des effluves d’une belle profondeur de fruits secs, de prunes, un petit côté caramel et de sucre d’érable.

Bouche fort goûteuse et équilibrée sur des notes de fruits secs et de notes caramélisées.

Allocution de M. Daniel Lalande lors du souper du Vigneron qui soulignait les 25 ans du vignoble Rivière du Chêne

Bonsoir et bienvenue à tous. Je me présente Daniel Lalande, je suis vigneron d’ici et je suis très heureux de vous accueillir ici ce soir à cette édition spéciale du souper du Vigneron. Nous en avons fait quelques-uns l’automne dernier mais ce soit quelque chose de particulier alors que nous célébrons nos 25 ans.

Je remercie les clients, les amis qui sont là ce soir et les médias qui nous supportent ainsi que l’industrie. Votre soutien constant a été essentiel à notre croissance à notre réussite au fil des années et c’est pourquoi je suis honoré de partager cette soirée de célébration. Rivière du Chêne c’est 25 ans déjà ou j’ai planté les premières vignes sur cette terre fertile qui m’a vue grandir. Eh oui j’y conduisais le tracteur tout jeune. Ça sauvait la gardienne…

Notre aventure viticole a commencé en 1998 inspirée par de grands rêves et seulement quelques hectares de vignes. Au fil des ans nous avons développé notre savoir-faire et remonté de nombreux défi dont l’incendie dévastateur qui a réduit notre vignoble en poussière en 2007. Au cours de cet incident nous avons perdu plus de 63,000 litres de vin. Ce fut très difficile.

On a reconstruit toutes nos installations et notre équipement tout comme un phœnix qui renaît de ses cendres et qui a inspiré le nom de notre vin Phoenix. Nous avons rebondi et tout reconstruit pour devenir ce que nous sommes aujourd’hui.

Avec maintenant plus de 25 hectares de vignes à Ste-Eustache et une production de vin certifiée IGP Vin Québec qui dépasse les 300,000 bouteilles par an je peux déclarer avec fierté que le vignoble s’illustre aujourd’hui comme une destination oeno-touristique incontournable qui se situe parmi les plus importants producteurs de vin au Québec.

Bien sûr ces grands rêves là ça ne vient jamais seul. Ça prend des équipes dont on en voit une belle partie ici ce soir. Il y en a qui étaient là au tout début qui ne sont pas ici ce soir et qui ont contribué au développement du vignoble. Et je les remercie.

…Quand aux fournisseurs je peux dire de la SAQ m’a vraiment permis d’améliorer la qualité de notre produit. C’est un partenaire que je juge très important dans notre développement. Je remercie également le CVQ représenté par un ami et président Louis Deneau, mon agence Remarke avec Marie et Guillaume qui depuis 2016-17 travaillent avec moi. Je voudrais également remercier Matteo qui est un œnologue et ami que je juge parmi les plus compétents dans le milieu du vin.

C’est avec un grand bonheur que j’accueille mon invité, un homme d’exception, un véritable pionnier dans l’industrie viticole au Québec à qui j’aimerais rendre hommage aujourd’hui. Mon ami et collègue vigneron Charles-Henri de Coussergues de l’Orpailleur.

Qui ne connaît pas l’Orpailleur situé à Dunham? C’est un domaine extraordinaire que je vous invite à visiter si ce n’est pas déjà fait. Leurs vins sont toujours d’une qualité exemplaire reconnus parmi toute l’industrie. Vous dire combien de médailles ils ont remporté, à mes yeux ce vignoble est une référence de constance et un modèle. De tous les vignerons que j’ai eu la chance de côtoyer au cours des dernières années Charles-Henri est sans doute celui qui m’a le plus inspiré par sa sagesse, sa détermination à produire des vins distinctifs en sol Québécois. Sa contribution pour faire avancer notre industrie est inestimable et notre vignoble ne serais pas ce qu’il est aujourd’hui sans son influence. Comme pionnier il nous a ouvert la voie.

Je me souviens de la première fois que j’ai rencontré Charles-Henri c’était à l’été 1996 à l’Orpailleur. J’ai rencontré alors quelqu’un qui était totalement passionné. Pour moi c’était une révélation. Mon père venait de m’offrir d’acheter sa terre ici à l’arrière et je voulais avoir de la vigne dans ma cour. Je me disais que ça serait beau. J’avais eu auparavant la chance de voyager et de visiter des vignobles en Europe, au Canada et j’avais fait mon stage dans le sud de la France en administration. Et malgré tous ces voyages la personne qui m’avait vraiment donné le goût de me lancer dans cette aventure c’était Charles-Henri.

Lorsque j’ai dit à mon père au souper à table que j’allais planter de la vigne sur ses terres familiales je suis fait dire que je devais être fou. J’ose à peine m’imaginer ce que le père de Charles-Henri lui a dit quand dans les années 80 il lui a annoncé qu’il allait planter de la vigne…au Québec! Ça prenait beaucoup d’audace et de détermination pour croire dans ce projet mais Charles-Henri a réussi. Il est devenu le pionnier de la viticulture au Québec et tous les vignerons de près ou de loin ont été inspirés par lui.

Charles-Henri est aussi fondateur de l’association des vignerons du Québec. De 2008 à 2016 il a présidé le conseil d’administration de l’association des vignerons qui est devenu le CVQ. Il a toujours agi comme un grand leader pour notre jeune industrie naissante. Comme le disait Yves Quirion, Charles-Henri a été le capitaine des capitaines que le Canadien a connus.

Sa passion pour la culture de la vigne et sa contribution à l’essor de notre industrie pour moi c’est inégalé. Lorsque j’ai décidé de démarrer le vignoble j’ai voulu immédiatement siéger au conseil d’administration de l’association des vignerons afin de tisser des liens avec les vignerons en place et d’apprendre de leur expérience. Ça m’a aussi permis de côtoyer davantage Charles-Henri et de le connaitre.

Ce qui m’étonnera toujours chez lui c’est son calme. On le dirait toujours en contrôle. Il est réfléchi, méthodique, plein de sens, rien laissé au hasard, il possède un savoir-faire extraordinaire, toujours bien informé, bien préparé, il connaît parfaitement bien ses dossiers. Toujours humble malgré ses nombreux succès.

Comme d’autres vignerons j’ai abusé de sa générosité, de ses conseils et de son partage de ses expériences. Au fil du temps j’ai découvert un homme aimable, un homme de famille avec qui tu te sens toujours écouté.

En plus de m’avoir inspiré au niveau professionnel il m’a fait grandir comme être humain. Je ne serai jamais assez reconnaissant . Tu auras nourri mon désir de me dépasser. Je suis heureux de partager avec toi ce métier passionnant. Tu es un modèle pour moi, je suis plein d’admiration pour l’homme, le vigneron d’exception que tu es et je me sens chanceux de te compter parmi mes amis proches.