Je reviens de voyage en Toscane ou j’ai assisté à un événement annuel appelé Anteprime di Toscana au cours duquel les nouveaux millésimes des vins de la Toscane sont présentés au monde de la presse et des amateurs de vin. Les régions suivantes y étaient représentées soit le Chianti Classico, Chianti & Rosso Morellino, L’Altra Toscana et Vino Nobile di Montepulciano.
Qu’y a-t-il à savoir sur l’appellation Vino Nobile di Montepulciano?
L’histoire vinicole de la région trace ses origines à environ 790 AD. Puis en 1350 on retrace des documents ou on établit les règles de commerce extérieur de ce vin. Des recherches récentes ont montré que le nom officiel de Vino Nobile di Montepulciano remonte à 1766 et a été utilisé dans une «nota spese» (dépenses compte) par Giovan Filippo Neri (Gouverneur de la Region Ritiro di S. Girolamo, une ville historique Montepulciano) pour un voyage à Siene.
C’est en 1966 que Vino Nobile a été classé DOC (Appellation d’Origine Contrôlée). Elle était parmi les premières appellations à recevoir cette reconnaissance, tout juste un an après la fondation du Consorzio Vino Nobile di Montepulciano. Puis en 1980 c’est la consécration avec l’appellation DOCG laquelle est la plus élevée. VinoNobile fait partie des 3 premières appellations à la recevoir.
Zone de production
Commençons par parler du village de Montepulciano qui figure probablement parmi les plus beaux de la Toscane. L’afflux des touristes est assez incroyable à voir. On en vient à questionner la capacité des infrastructures touristiques à accueillir tant de touristes. On parle donc de tourisme durable!
Quant à la zone de production celle-ci se situe en Toscane non loin de celle des Brunellos (Montalcino) et est limitée à une petite partie de terres dans la zone municipale qui est spécifiquement adapté à la viticulture.
Il y a 1,208 hectares de vignobles enregistrés pour le Vino Nobile di Montepulciano et environ 324 pour le Rosso di Montepulciano. Ceci représente une production d’environ 9.5 millions de bouteilles par an dont 85% en Vino Nobile et Riserva et 15% pour le Rosso. Cette zone se subdivise en 4 sous-régions (nord, sud, est et ouest) toutes déterminées entre autres selon leur typicité des sols. On y compte 81 producteurs.
Règlements de production
Les vins doivent être élaborés à partir du Sangiovese (appelé “Prugnolo Gentile” à Montepulciano) dans un minimum de 70% et il peut être assemblé avec jusqu’à 30% par d’autres variétés autorisées pour la région de Toscane. Ces variétés comprennent un éventail assez large de cépages dont par exemple le Merlot et le Cabernet-Sauvignon ainsi que le Mammolo et le Cannaiolo. Plusieurs vignobles utilisent des proportions plus élevées que ce 70% avec souvent une proportion de 85% et plus de Prugnolo Gentile dans leur Vino Nobile. Certains utilisaient 100% de Prugnolo.
Le vin ne peut être vendu qu’après vieillissement depuis deux ans pour le Vino Nobile (dont un minimum de 12 mois en fût de chêne) et de trois ans pour le Riserva (dont 6 mois en bouteille). Il doit être approuvé après avoir passé une série de tests pour les produits chimiques et passer des tests organoleptiques réalisée par un conseil ministériel. La vinification et le vieillissement doivent avoir lieu dans la zone municipale de Montepulciano.
Les consommateurs
Il existait jusqu’à récemment une certaine confusion dans la tête des consommateurs qui provient du fait que Montepulciano est un village, que c’est aussi un cépage et qu’une autre appellation Montepulciano d’Abruzzo fait la promotion de ses vins basée sur sa provenance. Peu de gens savent que le Vino Nobile provient de Toscane et qu’il est élaboré à partir de Sangiovese (Prugnolo Gentile). De plus ils ne savent pas réellement que c’est une DOCG c’est-à-dire le niveau d’appellation le plus élevé de la classification des vins italiens.
Pendant que les appellations Chianti et Brunello étaient des plus actives dans les années 80 à aujourd’hui, celle de Vino Nobile s’est comme repliée sur elle-même pendant ce temps et par conséquent, elle a perdu du terrain par rapport à ces autres appellations.
Les styles de vins de Vino Nobile peuvent varier d’un producteur à l’autre car certains utilisent 100% de Sangiovese alors qu’on peut retrouver du Vino Nobile avec 70% de Sangiovese et le reste de cépages internationaux. Ceci créé des variations entre les vins et peut créer de la confusion quant à l’identité de ce qu’est un Vino Nobile.
Le Vino Nobile est vraiment unique par rapport aux vins de Chianti et des Brunello de Montalcino. En fait le profil aromatique se rapproche du Brunello mais avec un côté un peu plus floral, une acidité peux-être moins élevée ( la proportion de Sangiovese est moindre) et des tannins plus souples et approchables. En plein le style de vin qui répond aux nouvelles attentes des consommateurs qui recherchent plus de fraîcheur, de finesse et d’équilibre. Ce qui donne un avantage certain au Vino Nobile.
La Renaissance du Vino Nobile di Montepulciano
Toscana Vino Nobile di Montepulciano
Tout d’abord on a commencé il y a quelques années à ajouter l’identification ‘’Toscana’’ sur les bouteilles. Ceci ajoute cette perception qualitative que le Vino Nobile est un vin de la Toscane tout comme les Chianti, les Chianti Classico, les Brunellos et les Supers Toscans de Bolgheri et de Maremma. Et ça solidifie la perception de l’identité du terroir.
Nouvelle classification Pieve
Alors qu’on a longtemps évalué la possibilité d’augmenter la proportion de Sangiovese dans les vins de Vino Nobile (celle-ci n’est que de 70%) et de diminuer la proportion des cépages internationaux afin d’en augmenter l’identification du terroir proprement italien.
Il faut savoir que les Brunellos de Montalcino utilisent 100% de Sangiovese. Alors au lieu d’augmenter la proportion de Sangiovese dans les Vino Nobile on a pris la décision d’ajouter une nouvelle classification appelé ‘’Pieve’’.
En fait cette approche d’une nouvelle classification et de nouvelles zones de production communales a été mise en place avec beaucoup de succès dans le Barolo dans le Piedmont avec 10 communes bien distinctives les unes des autres (mentions géographiques additionnelles (MGA) et dans le Chianti Classico avec la nouvelle classification Gran Selezione et les 12 UGAs (Unités Géographiques Supplémentaires).
Ces UGA pour le Vino Nobile ont été décidées selon des études de la géologie et de la géographie du territoire qui ont permis d’identifier 12 zones. Ces zones seront identifiées sur les bouteilles et seront précédées par la classification ‘’Pieve’’. De plus ces analyses du territoire font référence à ce qui distinguaient les anciennes Pievi les unes des autres (églises paroissiales). Ces Pievi servaient déjà à diviser le territoire en zones dès la fin de la période romaine et lombarde.
L’objectif de cette orientation est de réaffirmer et de codifier une réalité physique actuelle (terroir) avec les racines historiques anciennes de cette région viticole.
Les producteurs peuvent apposer les étiquettes ‘’Pieve’’ dès le millésime 2021 qui sera mis en vente en 2025. On calcule qu’environ 500,000 bouteilles seront mises en ventes soit approx. 7% de la production de Vino Nobile.
Cette classification Pieve est définitivement un cran plus élevée d’un point de vue qualitatif. Par exemple, seuls les raisins d’un vignoble âgé d’au moins 15 ans peuvent être utilisés pour produire une Pieve Nobile.
La composition variétale prévoit au moins 85 pour cent de Sangiovese (Prugnolo Gentile). En outre, jusqu’à 15 pour cent d’autres variétés autochtones telles que Canaiolo, Mammolo et Ciliegiolo sont autorisées, mais seulement cinq pour cent de Colorino. Les variétés internationales et blanches ne sont pas autorisées.
La durée minimale de vieillissement est de 36 mois, dont au moins douze mois en fûts de bois et douze mois en bouteille. Aucun commerce de vin en fût n’est autorisé avec Pieve-Nobile : seuls ceux qui l’ont produit (une quarantaine de producteurs) peuvent également le mettre en bouteille.
Equalitas
Depuis quelques années se développe un mouvement vers la vitiviniculture organique (bio et biodynamie) qui prône entre autres l’absence de l’utilisation de produits chimiques. Ce mouvement prend avec le temps une dimension de plus en plus holistiques qui incluent l’impact sociétal (employés et fournisseurs) et la durabilité et la pérennité de la vigne. On voit aussi poindre cette philosophie d’’’agriculture régénérative’’.
Un de ces mouvements Equalitas a été développé par la société italienne éponyme, filiale de FederDOC, permet aux organisations, y compris les établissements vinicoles individuels, leurs produits ou des appellations d’origine entières, de recevoir une certification de durabilité.
L’appellation Vino Nobile di Montepulciano a été la première et est encore la seule a obtenir la certification Équalitas pour l’ensemble de son territoire. Alors quand don achète un vin de cette appellation on sait qu’il provient d’une région qui a la nature a cœur.
La dégustation Pieve Vino Nobile di Montepulciano
Nous avons dégusté 8 des vins de l’appellation Pieve dont 7 des Pieve étaient représentées. Il faut savoir que ces vins ne seront disponibles qu’en 2025. Mais bon ça vaut la peine d’attendre…
La dominance du Sangiovese dans ces Pieve apporte des très beaux tannins et une acidité bien présente. En général, le temps de vieillissement plus long apporte de belles amplitudes, beaucoup de fraîcheur et une bonne dose d’élégance et de complexité. En fait plus que dans les Vino Nobile que j’apprécie déjà beaucoup.
Pieve Argiano, 2021, Podere Casanova
Au nez des notes de fruits rouges et noirs d’une belle concentration ainsi que quelques notes de prunes. Notes boisées très bien dosées. En bouche les tannins sont charpentés et tissés bien serré. Amplitude moyenne. Beaucoup de fraîcheur.
Les vins de cette maison ne sont pas disponibles à la SAQ.
Pieve San Bagio, 2021, Le Bertille
Quelques notes végétales nobles, de légères notes boisées et de café. Tannins bien charpentés et légère astringence. Belle amplitude.
Les vins de cette maison ne sont pas disponibles à la SAQ.
Pieve Gracciano, 2021, Gracciano della Seta
Un de mes préférés pour son équilibre, ses jolies notes de framboises et florales. Tannins équilibrés. Tout en élégance et ne fraîcheur.
Les vins de cette maison ne sont pas disponibles à la SAQ.
Pieve Cervognano, 2021, Boscarelli
Au nez des notes de fruits purs et frais. En bouche les tannins sont charpentés et tissés bien serré. Légère amertume. Élégant!
Les vins de cette maison ne sont pas disponibles à la SAQ.
Au nez de belles notes de prunes, de fruits rouges et beaucoup de fraîcheur. En bouche les tannins sont un brin maigre et tissés bien serré. Quelques notes de graphite et de fruits noirs. Très belle amplitude!
Les vins de cette maison sont disponibles à la SAQ.
Pieve Caggiole, 2021, Tiberini
Au nez quelques notes végétales nobles, notes de chocolat au lait et de cerises. En bouche le vin démontre de beaux tannins équilibrés ainsi qu’une belle amplitude.
Les vins de cette maison ne sont pas disponibles à la SAQ.
Pieve Cerliana, 2021, La Ciarliana
Un de mes préférés! Très belle concentration des arômes au nez avec des notes de fruits rouges bien mûrs et quelques notes de prunes. En bouche très belle structure avec des tannins enveloppés et charnus. De belles notes de torréfaction et d’épices douces. Superbe amplitude!
Les vins de cette maison sont disponibles à la SAQ.
Pieve Sant’Albino, 2021, Carpineto
Au nez de belles notes d’épices douces, un soupçon d’eucalyptus et de céleri. En bouche très belle structure mais un brin asséchant. Un vin imposant!
Les vins de cette maison sont disponibles à la SAQ.
Douze vins sont disponibles à la SAQ : Carpineto, Calimaia, Poliziano, Fattoria del Cerro, Poggio Sant’Enrico, Cecchi et Salcheto. Les prix varient entre 23,70$ et 134,00$.
En début d’été je suis allé travailler dans le seul vignoble de l’archipel des Îles-de-la-Madeleine (superficie de 202 km2 et s’étire sur 65 km) qui est probablement le plus »océanique » des vignobles au monde. Cet archipel est situé en plein cœur du golfe du Saint-Laurent et est composé de douze îles dont sept sont rattachées par des dunes et des ponts. Difficile d’être plus océanique!
C’est un vignoble résolument ancré dans le Nouveau Monde ainsi que dans l’histoire du peuple acadien. C’est un vignoble d’espoir, de résistance et de goût de vivre. Quand on trinque au Domaine des Salanges on le fait initialement en pensant à ces ancêtres qui ont trouvé la liberté aux Îles.
Domaine des Salanges
Un des amis André Brossard (idéateur, philosophe, chiropraticien et auteur) en est propriétaire et son fils Laurence-Olivier en est vigneron à temps plein. Ensemble ils ont arraché à la forêt et défriché 4 ha de vignes il y a 19 ans déjà et planté en 2006 8,000 plants du cépage Baltica (cépage Estonien) qui lui étaient suggérées par Alain Brault célèbre pépiniériste au Québec. On a aussi planté un peu de Solaris (cépage blanc de Suède) ainsi qu’un peu de Muscat pour en faire un mousseux.
Fait à noter, ces vignes ont été plantées en fonction des vents pour ne pas se les faire arracher. De plus, on a aussi dû composer avec l’orientation du soleil pour aller chercher le maximum d’ensoleillement et la maturité des raisins.
Lorsqu’André cherchait un terrain il voulait quelque chose de beau ‘’ou les vignes seraient heureuses’’. Ces 4 ha se trouvent dans le Chemin Massé à Bassin et offrent une vue imprenable sur Havre-aux-Basques, Lavernière, Cap aux Meules et l’Havre aux Maison.
Ils bénéficient d’un micro-climat qui est entouré de petites montagnes (élévation d’environ approx 100 m.) qui protègent les vignes des vents qui peuvent être violents aux Îles. Cette protection donne environ 4 degrés plus chaud qu’autour. Quant au terroir ce dernier est très varié. On trouve une surface tantôt organique et tantôt sablonneuse composée de gravel, de sable, de schiste avec un peu de terre noire.
Quant aux bâtiments (le chai, le caveau et les tours) vu que les terrains sont zonés agricoles, on ne pouvait y bâtir quelque chose de neuf. Il y avait déjà une vieille maison sur le terrain qu’on appelait »La Cayeute ». En conservant certaines parties, on a construit une nouvelle maison.
Les deux tours qui flanquent l’entrée au vignoble ressemblent à deux phares maritimes. Au premier étage on retrouve les installations de vinifications, le deuxième est habitable et au sous-sol on retrouve le caveau sous-terrain qui relie les deux tours et qui sert de cave de dégustation. On y produit toute l’énergie grâce à des panneaux solaires ainsi qu’une éolienne.
Bien qu’on produise déjà du raisin en 2009, c’est en 2017 que 800 bouteilles de rouge appelé ‘’Beausoleil’’ voient le jour. Le nom Beausoleil, à l’image de ce patriote acadien (Joseph Brossard (Broussard)), a du corps, du courage, de la bravoure et est capable de s’adapter aux rigueurs du climat. Il apporte avec lui des effluves de ses voyages, ce qui lui a donné son identité. C’est un vin charnu qui se révèle sur des notes de cerises noires et de noyaux de cerises qui se conjuguent aux notes de mûres, de canneberges et d’épices douces.
On produit aussi un rosé le ‘’Lorose’’ (« Lo » pour Laurence-Olivier) qui se compare avantageusement à bien des rosés de partout sur la planète. Il est généreux, presque gras, et rappelle les canneberges sauvages qui poussent aux îles, la framboise et la cerise, avec ce côté juste ce qu’il faut de sûrette.
Enfin on produit ‘’La Margoulette’’ un vin muté/fortifié de style porto aussi délicieux mais beaucoup moins sucré avec des saveurs de noyau de cerises assez prononcées.
Le blanc se fait attendre, en Solaris et en Muscat, la production prendra quelques années encore.
La philosophie qui sous-tend la viticulture est d’inspiration biodynamique mais à cause du climat particulier des Iles on ne peut y intégrer l’ensemble des préceptes de cette approche.
Quant aux visites du vignoble on privilégie les vrais curieux plutôt que les croisiéristes qui accostent aux Iles. Le nombre de bouteilles étant relativement limitées on veut passer du temps de qualité avec les gens qui sont réellement intéressés par le Domaine, son histoire et sa philosophie. Ces visites (20$ par personne) durent environ une heure suivie d’un accès à la boutique ou on pourra déguster les vins disponibles.
Ah oui! Quant à ce travail de la vigne eh bien il été ardu. Alors que Laurence-Olivier avait déjà procédé à la taille de la vigne nous étions 5 à dégager les sarments du palissage et à les ranger en fagots au bout de chaque rang pour ultimement les ramasser et les brûler. De plus l’ouragan Fiona (2022) avait fragilisé ce système de palissage (poteaux et fils de fer) qu’il a fallu renforcir à coups de masse sur des centaines de piquets.
Le groupe de travail était composé de Laurence-Olivier vigneron, Fanny Bérubé (sommelière, terrain et en charge du développement touristique – pas sur la photo), Jacinthe Marcotte conjointe de Laurence-Olivier, (PP (Pierre Paul Guillemette un ami de longue date d’Andrée qui a 80 ans…merde…), Luc Marier comparse de voyage, anthropologue en devenir et sommelier, André Brossard (chiropraticien, propriétaire du vignoble, idéateur, concepteur etc etc.) et moi-même.
Alors, travailler dans un vignoble c’est dur! Mon respect pour Laurence-Olivier et tous les autres vignerons que j’ai rencontré et que je rencontrerai, est exponentiel. Dur dur faire du vin!
Bien plus qu’un vignoble, toute une philosophie de vie
Entrevue avec André Brossard
Voici des extraits d’une entrevue que j’ai effectuée avec André Brossard. L’ensemble du texte reflète ses propos à lui:
André Brossard: ‘’Le vin des Îles de la Madeleine, j’appellerais ça le vin de l’espoir. C’est qu’à partir de rien tu peux faire tout. Ça prend des racines qui sont tes ancêtres, un bon et beau terroir, de la sueur, de la vision et le plaisir de créer. Et le plaisir de créer c’est d’être capable de prendre le temps de déguster la vie, déguster le moment présent.
Les Îles de la Madeleine ce que tu déguste le plus c’est le moment présent parce qu’on y dit que ça dépend toujours du vent. C’est de prendre le temps de vivre ton moment présent là. Et demain on verra bien. Aux Iles tu ne peux pas fabuler sur ce que tu crée. Parce qu’aux Îles c’est l’instinct de survie qui est omniprésent et qui alimente l’imagination. Des deux bords. Ça dépend du vent ça veut dire que ça dépend de ton imagination…
…Je trouve que nos vins ont de l’identité. Notre vin n’est pas comme les autres. C’est une identité Nouveau Monde parce qu’on élabore nos propres produits. On n’est pas une copie conforme de quelque chose. Aux Îles on crée toujours car on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est comme les enfants qui viennent au monde; il y a de quoi brailler car tu ne sais pas à quoi t’attendre. Pourquoi on ne pourrait venir au monde de bonne humeur?
Il y a toujours un petit peu de Salanges dedans donc une petite ligne de sel. Aux Îles il y a une expression ‘’ajouter son grain sel’’. Je crois que nos vins viennent ajouter un grain de sel à la viniculture. Tu vas goûter ton vin puis à la fin il y a comme une petite ligne de sel qui va sortir. Ca dépend de la salange qui va se coller sur la pulpe du raisin…
…Le génie des Îles de la Madeleine c’est que tu es toujours dans les 4 éléments. Dans l’eau, dans le temps, le vent, la terre. Et la plus belle image qu’on puisse en donner c’est que si tu n’es pas bien ancré, tu pars au vent! Si ton idée n’est pas bien ancrée, tu as moins de chances. L’ancrage c’est de connaître ton histoire. Sinon tu vas partir au vent. Et le vent aux Îles, c’est la première note de musique qu’on entend.
Le monde des Îles c’est des raconteurs. Ça conte des histoires. Alors quand tu as un vin des Îles tu as déjà une histoire dans ton verre. Derrière la bouteille on va parler de Beausoleil Broussard , on va parler du Lorose, on va parer Margoulette…
…je pense que Le Vignoble des Salanges va devenir un vignoble de référence. Pas à cause de son vin comme tel, mais pour tout ce qui a été fait pour obtenir une belle qualité de vin, une belle identité de vin. Car chaque vin a son identité…
…Ce que les Acadiens nous ont apporté c’est la résistance. Qu’est-ce que ça va devenir? Un lieu d’espoir. Parce que c’est une place ou tu peux t’assoir sur une roche et réfléchir. Tu as toujours l’œil vers l’infini. Il n’y a rien qui bloque ta vue, ni ta vie. Tu arrives vraiment dans le Nouveau Monde pour créer.
Pour moi notre vin c’est un vrai vin nordique. Ce n’est pas un vin de chaleur. C’est un vin d’espoir, de résistance. J’appellerais un vin de goût. Le goût du vin et le goût de vivre. C’est un vin avec lequel tu peux te planter les pieds dans la terre. Tu peux boire du devenir. Car c’est un vin de garde qui vieillit bien. Le Nouveau Monde c’est supposé être une place du devenir. Et cette référence au devenir a toujours un lien avec les ancêtres.
Quand on va assoir le monde dans le vignoble et que les harpes éoliennes vont se mettre à jouer le chant des âmes tout le monde va devenir un petit bout du vent. Je pourrais en jaser des heures mais c’est ça la base…’’
Je reviens d’un très beau voyage de presse dans les Abruzzes région enchanteresse avec ses merveilleux paysages et ses vins issus de cépages autochtones qu’il vous faut absolument découvrir. J’en retiens une appréciation renouvelée pour ses vins qui offrent toujours des rapports qualité/prix exceptionnels tant au niveau du Montepulciano d’Abruzzo que du Trebbiano d’Abruzzo, le Pecorino d’Abruzzo ou le merveilleux rosé Cerasuolo d’Abruzzo.
Nous avons rencontré des vignerons qui ont à cœur la valorisation des vins de leur région axée sur les divers terroirs autant côtiers que montagneux. J’y ai senti une vague de changement au niveau des diverses appellations qui tirent le niveau de qualité vers le haut et qui facilitent la communication vers les consommateurs et leur appréciation des vins.
Francesco Cirelli fait partie de ces producteurs avant-gardistes des Abruzzes.
Azienda Agricola Francesco Cirelli
Ce qui démarque ce producteur c’est l’élaboration de ses vins selon les préceptes de la biodynamie et la vinification et le vieillissement dans des amphores. Aucune utilisation du bois dans sa vinification. De plus les vendanges sont caractérisées par plusieurs passages pour capturer les raisins à leur niveau optimal de maturité.
Il s’agit d’un petit producteur (25,000 bouteilles) sur 22 hectares dont le vignoble est situé dans le village d’Atri à seulement 8 kilomètres de la mer. Francesco Cirelli peux-être considéré comme un artisan dont l’importance du terroir est primordiale. Il a recréé sa ferme tout comme l’étaient celles des années 60 avant cette ruée vers l’utilisation des produits chimiques. Sa ferme reflète une attention particulière à la polyculture. Ses vins sont issus de 4 cépages dont le Trebbiano, le Pecorino, le Cerasuolo et le Montepulciano d’Abruzzo.
Nous avons dégusté le Trebbiano d’Abruzzo 2021 qui démontrait quelques notes d’épices, de pêches avec un soupçon de menthe bien fraîche. La bouche était éclatante avec un petit côté vin nature. Ce Trebbiano se démarquait des autres vins du même cépage dégustés avec ses 18 mois en amphores. J’ai adoré son Pecorino d’Abruzzo 2021 avec ses notes florales, de poires et sa belle complexité en bouche. Le Cerasuolo d’Abruzzo 2022 avec ses belles notes florales, ses notes de fruits rouges purs était particulièrement goûteux. Belle découverte! Quant au Montepulciano d’Abruzzo 2021 son passage en amphore vient modérer le côté tannique de ce cépage et lui apporte une très belle sapidité. Je l’ai particulièrement apprécié avec ses notes de crème de fruits rouges et de cerises bien mûres. Le temps de macération de ce vin a été réduit afin d’éviter toute note végétale. Il démontrait une très belle concentration des arômes et des saveurs.
Ces vins sont distribués au Québec par l’agence Dame-Jeanne (Bambara).
Je reviens d’un très beau voyage de presse dans les Abruzzes région enchanteresse avec ses merveilleux paysages et ses vins issus de cépages autochtones qu’il vous faut absolument découvrir. J’en retiens une appréciation renouvelée pour ses vins qui offrent toujours des rapports qualité/prix exceptionnels tant au niveau du Montepulciano d’Abruzzo que du Trebbiano d’Abruzzo, le Pecorino d’Abruzzo ou le merveilleux rosé Cerasuolo d’Abruzzo.
Nous avons rencontré des vignerons qui ont à cœur la valorisation des vins de leur région axée sur les divers terroirs autant côtiers que montagneux. J’y ai senti une vague de changement au niveau des diverses appellations qui tirent le niveau de qualité vers le haut et qui facilitent la communication vers les consommateurs et leur appréciation des vins.
Les Abruzzes
Cette région est située à l’est de l’Italie entre la mer Adriatique et les massifs du Gran Sasso d’Italia. Les Abruzzes peuvent être divisées en deux zones : la zone montagneuse interne qui constitue plus de 65% de l’ensemble du territoire et la zone côtière avec sa large ceinture vallonnée.
Ce qu’on ne sait à peu près pas c’est que cette région est passablement montagneuse avec des centres de ski réputés avec des dénivellations de 3,000 mètres. Elle ressemble à si méprendre à la Nouvelle-Zélande. Avec ces niveaux d’altitude on peut qualifier les vins de cette région de vins de haute altitude.
Au-delà de 500 kilomètres carrés sont réservé aux parcs nationaux et aux réserves naturelles protégées. Il est bordé à l’ouest par les Apennins et à l’est par 150 kilomètres de côtes sur la mer Adriatique. C’est l’une des régions les plus sauvages et les plus montagneuses d’Italie. La plupart des vignobles visités étaient caractérisés par des vignes vallonnées et entourées de montagnes et la proximité de la mer Adriatique.
Le Corno Grande dans le massif du Gran Sasso, à 2914 mètres, est le plus haut sommet des Apennins, et la Majella, avec ses 2793 mètres, domine les paysages. Les Abruzzes comptent 4 provinces : Pescara, Teramo, Chieti et L’Aquila, cette dernière, située dans les chaînes de montagnes, étant la seule à ne pas être bordée par la mer Adriatique.
Son climat est comparable à celui de la Vallée du Rhône avec des nuits fraîches et des journées assez chaudes. Les zones de production sont presque entièrement concentrées dans la zone vallonnée, en particulier, dans la zone de Chieti qui représente 83% de la production suivi par Pescara (10%), Teramano (6%) et l’Aquila (1%). La proximité de la mer et des chaînes de montagnes créent des conditions idéales pour la viticulture avec des vents constants qui assèchent les vignes et les importantes variations des températures diurnes et nocturnes qui favorisent une acidité des plus fraîche.
Lors de notre voyage (début juin 2023) les quantités de pluies étaient importantes et limitaient le travail de la vigne (les sols étant trop détrempés). La majeure partie de la production (80%) étant conduites en pergola celles-ci favorisent la protection des vignes lors de millésimes chauds et particulièrement solaires.
Les Abruzzes comptent environ trente trois mille hectares de vignes. Les appellations se déclinent en deux DOCG : Montepulciano d’Abruzzo Colline Teramane (90% de Montepulciano) et Terre Tollesio Tullum. En DOC soient : Montepulciano d’Abruzzo (85% de Montepulciano), Trebbiano d’Abruzzo, Cerasuaolo d’Abruzzo, Controguerra, Ortona, , Villamagna. S’ajoute Abruzzo (80% de Montepulciano) qui se décline en sous-région : Abruzzo Pecorino, Abruzzo Passerina, Abruzzo Coccociola et Abruzzo Montonico. On retrouve aussi 8 appellations en IGT (Indicazione Geografica Tipica) : Colline Aprutini, Colline del Sangro, Colline Frentane, Colline Pescaresi, Colline Teatine, vastese (ou Histonium), Terre di Chieti et Valle Peligna.
La mise en valeur du territoire, le focus de la production étant axé sur les cépages autochtones ainsi qu’une nouvelle génération de nouveaux vignerons constituent les atouts de cette région. Les producteurs que nous avons visités étaient en majorité en bio et favorisaient une vinification dans des cuves en ciment. Tous recherchaient des niveaux qualitatifs élevés.
Il faut savoir qu’environ 75% de la production des Abruzzes provient de coopératives. Je n’en ai pas personnellement visité mais les discussions avec plusieurs producteurs tournaient invariablement autour de la faible qualité produite par ces coopératives. Selon eux ces dernières sont une des causes de cette perception moins élogieuse de la qualité des vins des Abruzzes.
Les cépages, les vins
Le cépage Montepulciano, en particulier, est considéré comme l’un des plus grands cépages rouge d’Italie et représente plus de la moitié de la base de production régionale en plus d’être le cépage de référence du DOC Montepulciano d’Abruzzo.
Montepulciano d’Abruzzo DOC : Sans doute le plus célèbre de tous, cet assemblage de vins doit être composé d’au moins 85 % de raisins Montepulciano et jusqu’à 15 % de raisins Sangiovese. Il y a aussi Montepulciano d’Abruzzo Colline Teramane DOCG (au moins 90% de raisins Montepulciano) et Controguerra Rosso DOC (au moins 60%).
Riserva : Tout vin de Montepulciano portant le label Riserva doit être vieilli pendant au moins trois ans – au moins six mois de vieillissement doivent avoir lieu en fûts de chêne.
Cerasuolo d’Abruzzo : Signifiant « cerise » en italien, ce rosé de Montepulciano offre une alternative profondément teintée aux versions rose clair omniprésentes de France ou des États-Unis.
Beaucoup de confusion règne autour de ce nom Montepulciano. C’est le nom d’un village et c’est aussi le nom d’un cépage. Le nom de Vino Nobile de Montepulciano provient d’un lieu et les vins qui en sont issus sont élaborés avec le cépage Sangiovese. Le Montepluciano d’Abruzzo est un vin rouge élaboré avec le cépage Montepulciano qui provient des Abruzzes.
De plus beaucoup de régions (45) en Italie utilisent ce cépage souvent en assemblage. Celles dont l’assemblage est en majorité de Montepulciano sont Biferno (Molise), Controguerra (Abruzzes), Esino (Marches), Conero (Marches), MOntepulciano d’Abruzzo (DOC), Montepulciano d’Abruzzo Colline Teramane, Offida (Marches), Pentro di Iserdia (Molise), Rosso Conero (Marches), San Severo (Apulia), Tarquinia (Lazio). Un des challenges pour le Montepulciano d’Abruzzo est de se démarquer au niveau de sa qualité.
Le cépage blanc Trebbiano d’Abruzzo d’autre part donne naissance à cette appellation Trebbiano d’Abruzzo. La région produit environ 50% de sa production de ses vins en rouge et en rosés et 42% en blancs. J’ai trouvé dans les dégustations qu’il ressemblait souvent aux vins de Soave élaborés avec le cépage Garganega.
Le cépage Pecorino a été celui que j’ai préféré lors de ces dégustations. Cépage précoce qui accumule facilement le sucre, les vins de Pecorino sont plus ronds et plus alcoolisés que le Trebbiano d’Abruzzo. Presque oubliés jusqu’aux années 1980, lorsque le cépage a été redécouvert dans les Marches, les vins de Pecorino rappellent ceux du Sauvignon Blanc, offrant des arômes et des saveurs de sauge, d’agrumes et de melon. Ils ont souvent une acidité vive et sont en général fort goûteux.
Les Abruzzes sont également l’une des rares régions italiennes à pouvoir revendiquer une longue tradition de production de vins rosés. Il y a longtemps, les agriculteurs et les paysans s’étaient habitués à faire du vin plus clair à partir de leur cépage classique Montepulciano des Abruzzes pour leur consommation quotidienne, en fait une variation de rosé typique de la région. Aujourd’hui, ces vins sont identifiés par la dénomination Cerasuolo des Abruzzes. Un vin « rosé » très coloré, lorsqu’il est vinifié selon des méthodes traditionnelles, mais très sec et avec du caractère. En fait tant qu’a boire un rosé je vous dirais buvez du Cerasuolo!!
Nouvelle génération
Les Abruzzes ont longtemps été connues pour être une région qui se contentait de produire de grands vins rouges et des vins blancs plutôt simples. Mais cela a changé rapidement et la région est maintenant l’une des régions les plus intéressantes d’Italie.
Aux producteurs iconiques comme Emidio Pepe que j’ai eu le plaisir de rencontrer et qui produisent des vins de très grande qualité, se succède désormais une génération de jeunes producteurs qui ont repris les vignes familiales pour faire de grands vins. C’était assez marquant encore chez Emidio Pepe avec sa petite fille Chiara qui est winemaker.
La nouvelle génération de producteurs privilégie les vignobles d’altitude, contrairement aux vignobles des plaines proches de la mer. Les vignobles en altitude bénéficient d’un climat beaucoup plus favorable à la culture de vins de qualité. Les viticulteurs sont aussi beaucoup plus sélectifs dans l’utilisation des barriques, et les utilisent plus judicieusement pour produire des vins fins. On privilégie de plus en plus l’usage de cuves en ciment pour produire des vins qui reflètent le terroir d’où ils sont issus. Tous les changements récents dans le vignoble des Abruzzes signifient que les vins des Abruzzes sont l’un des meilleurs rapport qualité-prix pour le consommateur.
Révolution dans les Abruzzes
Ces temps-ci on assiste à une révolution viticole dans les Abruzzes, avec l’introduction d’un nouveau modèle qui va changer le cadre des appellations régionales. En résumé on réduit le nombre de régions avec mention IGT (Indicazione Geografica Tipica) de 8 à une qui sera Terre d’Abruzzo et on ajoute une segmentation qualitative supplémentaire ‘’Superiore’’.
La proposition faite en 2019 par les producteurs du Consorzio Tutela Vini d’Abruzzo et promue par le conseil régional des Abruzzes va introduire le statut Superiore pour les vins DOP « d’Abruzzo » et va réduire le nombre des désignations IGT de 8 à seulement 1. Le nouveau modèle vise à renforcer l’identité commune de la viticulture régionale, tout en valorisant les domaines individuels et rendre plus claires les distinctions de qualité.
En fait, la reconnaissance du statut ‘supérieur’ et l’identité commune des ‘d’Abruzzo’ pour les vins DOC rendra la promotion et la communication plus facile de la région et de ses vins; les différentes zones de production seront beaucoup plus reconnaissable sur les marchés, notamment à l’étranger, et la priorité sera donnée à la combinaison de vin et territoire.
D’autre part, l’introduction d’une seule appellation IGT, Terre d’Abruzzo, qui remplace les 8 actuelles va créer une image régionale plus forte. Le « modèle des Abruzzes » implique donc moins de zones DOC, avec une identité commune avec la mention « Abruzzes » pour toutes les appellations, mais avec des distinctions par zone et micro-zone, une segmentation plus qualitative avec l’introduction du statut Superiore pour les vins DOP régionaux tels que Montepulciano d’Abruzzo, Trebbiano d’Abruzzo, Cerasuolo d’Abruzzo, Pecorino d’Abruzzo, Passerina d’Abruzzo, Cococciola d’Abruzzo, et Montonico d’Abruzzo, qui sera également autorisé à indiquer les appellations provinciales sur l’étiquette.
La classification Superiore pour tous les vins d’appellation d’origine contrôlée (DOC) vise à donner une marque de prestige aux vins distinctifs de qualité des différentes provinces, caractérisés par des mesures de production plus strictes et destinées au vieillissement. Les quatre désignations provinciales pour les vins DOC « d’Abruzzo » qui peuvent utiliser les noms Superiore et Riserva seront : Colline Teramane ; Colline Pescaresi; Terre de L’Aquila; et Terre de Chieti.
Cette étape décisive dans le processus de croissance qualitative vise à promouvoir le vin des Abruzzes en se concentrant sur les différentes zones de production et leur biodiversité.
Il sera donc possible de trouver sur le marché un Montepulciano d’Abruzzo Superiore Riserva, avec l’ajout de la mention provinciale, comme Colline Teramane, Colline Pescaresi, Terre de L’Aquila ou Terre di Chieti. La reconnaissance de la mention « Supérieur » est la première étape vers des sous-zones encore plus définies telles que les villages, les Unités Géographiques Supplémentaires et les mentions « vignoble unique ».
La visites de vignobles et dégustations
Lors de ce voyage de presse nous avons visité 6 vignobles, assisté à un MasterClass sur le Montepulciano d’Abruzzo et dégusté plusieurs vins lors d’un salon qui comptait approximativement 90 producteurs.
D’emblée je peux dire que cette région produit des vins assez incroyables surtout au niveau des rouges issus de l’appellation Montepulciano d’Abruzzo et Montepulciano d’Abruzzo Riserva. Bien que ce soit un cépage qui peut être tannique, les vendanges des raisins à maturation optimale, les temps de macération judicieux et la vinification en cuves inox, en cuves de ciment ou en amphores créent des vins résolument axés sur le fruit avec des tannins totalement équilibrés. Même les Riserva démontrent une belle amplitude aromatique et une complexité apportée par le vieillissement sous-bois sans trop altérer les arômes et saveurs fruités.
Quant aux blancs j’ai été séduit comme je le mentionnais précédemment par les Colorino aux accents totalement fruités soulignés par une acidité vive et le Trebbiano par sa richesse aromatique. Quant aux vins rosés Cerasuolo, je mettrais de côté les rosés habituels pour ne boire que les vins de cette appellation.
La Valentina
Hier lors de ce voyage de presse dans les Abruzzes nous visitions le vignoble La Valentina situé sur les collines surplombant Spoltore, près de Pescara dans le centre de l’Italie. Les propriétaires, Sabatino, Roberto et Andrea Di Properzio, dirigent l’entreprise depuis la mise en œuvre de leur projet de développement en 1994.
Cette très belle maison élabore une dizaine de vins sur ses 40 hectares de vignes conduites en bio. On y produit environ 375,000 bouteilles dont une partie est disponibles au Québec en importation privée auprès de l’agence Vignôme.
Entre autres nous avons dégusté le Trebbiano d’Abruzzo Spelt 2020 ‘’Gold’’ avec ses notes de miel, de pêches, de levures et d’anis étoilée, son Cerasuolo Superiore 2022 et ses notes de groseilles et florales fort complexes, La ValentinaMontepulciano d’Abruzzo 2021 avec une belle profondeur des arômes et saveurs et bien juteux, Spelt Montepulciano d’Abruzzo Riserva 2019 d’une densité des arômes, quelques notes de torréfaction, de tabac, de prunes absolument délicieux et son Binomio, vin parcellaire qui selon moi reflétait le plein potentiel des vins de cette région. Nous avons aussi dégusté le Bellevedere 2019 issu d’une autre parcelle. Quant à moi j’ai préféré le Binomio.
Azienda Agricola Francesco Cirelli
Ce qui démarque ce producteur c’est l’élaboration de ses vins selon les préceptes de la biodynamie et la vinification et le vieillissement dans des amphores. Aucune utilisation du bois dans sa vinification. De plus les vendanges sont caractérisées par plusieurs passages pour capturer les raisins à leur niveau optimal de maturité.
Il s’agit d’un petit producteur (25,000 bouteilles) sur 22 hectares dont le vignoble est situé dans le village d’Atri à seulement 8 kilomètres de la mer. Francesco Cirelli peux-être considéré comme un artisan dont l’importance du terroir est primordiale. Il a recréé sa ferme tout comme l’étaient celles des années 60 avant cette ruée vers l’utilisation des produits chimiques. Sa ferme reflète une attention particulière à la polyculture. Ses vins sont issus de 4 cépages dont le Trebbiano, le Pecorino, le Cerasuolo et le Montepulciano d’Abruzzo.
Nous avons dégusté le Trebbiano d’Abruzzo 2021 qui démontrait quelques notes d’épices, de pêches avec un soupçon de menthe bien fraîche. La bouche était éclatante avec un petit côté vin nature. Ce Trebbiano se démarquait des autres vins du même cépage dégustés avec ses 18 mois en amphores. J’ai adoré son Pecorino d’Abruzzo 2021 avec ses notes florales, de poires et sa belle complexité en bouche. Le Cerasuolo d’Abruzzo 2022 avec ses belles notes florales, ses notes de fruits rouges purs était particulièrement goûteux. Belle découverte! Quant au Montepulciano d’Abruzzo 2021 son passage en amphore vient modérer le côté tannique de ce cépage et lui apporte une très belle sapidité. Je l’ai particulièrement apprécié avec ses notes de crème de fruits rouges et de cerises bien mûres. Le temps de macération de ce vin a été réduit afin d’éviter toute note végétale. Il démontrait une très belle concentration des arômes et des saveurs.
Ces vins sont distribués au Québec par l’agence Dame-Jeanne (Bambara).
Francesco Cirelli La Collina Biologica Pecorino 2021, 23,30$, code SAQ : 14947174.
Francesco Cirelli Trebbiano d’Abruzzo 2020, 23,10$, code SAQ: 13750062
Francesco Cirelli La Collina Biologica Cerasuolo D’Abruzzo 2021, 22,60$, code SAQ : 14954382.
Fattoria Nicodemi
Elena et Alessandro (président du Consorzio) frères et sœur sont maintenant propriétaires de Fattoria Nicodemi qui est situé à Notaresco, au cœur de la zone Colline Teramane. Lorsque leur père est décédé en 1999 ils ont repris le domaine sans trop d’expérience et au fil du temps ils sont passé au travers et produisent maintenant approximativement 200,000 bouteilles par an selon l’agriculture biologique (depuis 2016) sur leurs 39 hectares de vignes. Seuls des cépages indigènes sont plantés.
Les 30 ha de vignes se trouvent à environ 300 mètres d’altitude, orientée au sud-est, avec une vue imprenable sur le mont Gran Sasso et la mer à environ 10 kilomètres. Ici, les vignes poussent sur des sols argilo-calcaires qui donnent aux vins du caractère.
Nous avons dégusté sept vins dont 3 blancs, un rosé et 3 rouges : Le Murate Trebbiano d’Abruzzo 2022 avec ses notes éclatantes d’agrumes et de notes florales. Le Cocciopesto Trebbiano d’Abruzzo 2020 que j’ai particulièrement apprécié. Il provient d’une parcelle (single vineyard) et dégage des arômes et saveurs de miel, de pêches avec une très belle amplitude. Très goûteux! Un coup de cœur! Le Notari Trebbiano d’Abruzzo Superiore 2021 qui provient de la même parcelle que le vin précédent mais qui a été vinifié en cuves inox avec 6 mois de bâtonnage. Il exultait des notes d’agrumes éclatants et de pamplemousse. Vraiment différent.
Le Murate Cerasuolo d’Abruzzo 2022, un beau vin rosé avec ses notes de fruits macérés dans l’alcool et ses flaveurs de fruits rouges purs. Le Murate Colline Teramane Montepulciano d’Abruzzo 2021 DOCG sur ses notes de prunes, de cerises noires très mûres, sa très belle fraîcheur et ses tannins presque charpentés. Il n’a pas touché le bois. Le Notari Colline Teramane Montepulciano d’Abruzzo 2020 DOCG dense et profond avec beaucoup de fraîcheur et d’amplitude. Un vin de précision. Enfin le Neromoro Colline Teramane Montepulciano d’Abruzzo 2020 DOCG dense et élégant à la fois avec un petit soupçon de menthe, de terre et un léger boisé. Plus costaud et élégant à la fois.
L’agence Maître de Chai représente les vins de Fattoria Nicodemi.
Emidio Pepe
Le nom d’Emidio Pepe est entré dans la légende des grands producteurs des Abruzzes et du monde. Dans les années 70 il a introduit la notion de vieillissement en bouteille des vins des Abruzzes alors que le reste des producteurs s’affairaient à produire des vins qu’on pourrait qualifier de qualité inférieure.
De plus depuis ses débuts il intègre les principes de l’agriculture bio et plus tard de biodynamie (2005) alors que les produits chimiques ont la cote chez les autres producteurs. Ses 17 ha de vignes qui se trouvent à Torano Nuovo sur diverses parcelles produisent des vins hallucinants qui sont vendus à fort prix. De plus on favorise la polyculture avec diverses cultures.
De nouvelles techniques de viticulture sont mises en place pour éliminer l’utilisation du cuivre comme agent de traitement de diverses maladies de la vigne.
Ici tout est fait à la main et avec les pieds…Les raisins sont tous encuvés après une sélection manuelle. Pas de pompes industrielles! De plus le vieillissement est effectué uniquement qu’en bouteilles, pas de barriques. Dans le chai on peut contempler des centaines de milliers de bouteilles de tous les millésimes qui attendent le temps. Enfin, chose unique, les vins sont vieillis sur de longues périodes et vendus après au moins 20 ans. Après cette période ils sont décantés et remis en bouteille.
La fille d’Émidio et ses petites-filles sont aux commandes du vignoble et des opérations. Une vraie affaire de famille!
Les vins dégustés : Trebbiano d’Abruzzo Emidio Pepe 2020 se révélait sur un petit côté vin nature et ses arômes de pêches, de miel, d’anis étoilée le tout supporté par une sensation de minéralité. Le même vin, Trebbiano d’Abruzzo Emidio Pepe 2007 démontrait beaucoup de fraîcheur avec ses notes d’agrumes, de zeste ainsi qu’une superbe amplitude. Très peu de notes tertiaires. Le Pecorino Emidio Pepe Colli Aprutini IGT 2021 était éclatant au niveau des arômes et saveurs et d’une énergie et une tension indescriptible. Le Montepulciano d’Abruzzo Emidio Pepe 2009et 2003 démontrent le fort potentiel de vieillissement des vins d’Emidio Pepe. Le 2009 démontrait des notes de fruits aigrelets, d’épices et beaucoup de fraîcheur avec beaucoup de précision et de tension. Les tannins étaient presque charpentés. Le 2003 démontrait peu de notes tertiaires et était d’une fraîcheur étonnante.
Les vins de cette maison sont de temps en temps disponibles à la SAQ. Pour le moment aucune quantité ne sont disponibles. Le prix des vins varie entre 120,50$ pour le Pecorino et 202,75$ pour le Emidio Pepe Montepulciano d’Abruzzo.
L’agence L’Enoteca di Moreno de Marchi représente la maison Emidio Pepe.
Podere Castorani
L’origine de cette ancienne ferme remonte à 1794. Depuis 1999 ce sont les familles Trulli (Jarno Trulli ancien pilote de F1) et Cavuto qui participent à la gestion de l’entreprise. Le vignoble est situé dans la nouvelle DOCG Casauria (la 3e DOCG) sur 100 ha de vignes sur les collines de la province de Pescara située à 350 mètres d’altitude entre les montagnes et la mer Adriatique.
L’âge moyen des vignes dépasse trente ans et l’ensemble du domaine est cultivé en agriculture biologique, sans utilisation de pesticides et d’engrais chimiques. En particulier, les vignes sont protégées par des méthodes de lutte biologique et alimentées avec des engrais naturels.
La vinification se fait dans des cuves en ciment dont la surface est en époxy ce qui limite l’oxygénation du vin. Les raisins sont pressés sous vacuum ce qui préserve la fraîcheur du vin. Le vieillissement du vin est effectué dans des barriques de 500 litres, un volume capable d’équilibrer la nature des vins avec l’influence du bois.
Nous avons dégusté 6 vins dont le Amorino Pecorino Abruzzo Superiore 2022 que j’ai beaucoup apprécié avec ses notes de pêches, de fruits rouges et florales. Belle tension, énergie et acidité. Amorino Cerasuolo d’Abruzzo 2022 est un autre coup de cœur avec ses notes très aromatiques de fruits exotiques, de melon, sa texture hallucinante et son côté linéaire. Castorani Cadetto Montepulciano d’Abruzzo se révèle sur des notes de fruits rouges bien mûrs, d’épices douces, de sous-bois, des tannins presque charpentés et un aspect très juteux. Amorino Montepulciano d’Abruzzo 2018 avait un côté un peu plus austère avec ses notes bien mûres de fruits rouges et noirs, sa belle fraîcheur et son côté bien équilibré. Le Castorani Casauria Riserva Montepulciano d’Abruzzo 2017 était époustouflant avec son amplitude aromatique, son utilisation judicieux du vieillissement sous-bois et ses tannins charpentés. Un vin Wow! Enfin le Jarno Appassimento était superbe même avec ses 16% en alcool qui sont en équilibre avec l’acidité bien fraîche. Très belle concentration et texture incroyable.
Les vins de Podere Castorani sont disponibles à la SAQ. L’Agence Philippe Dandurand et Sélections Fréchette représentent Poderi Castorani.
Nous avons visité la Tenuta Testarossa qui est située en plein parc naturel National du Gran Sasso (550 m) et Monti della Laga dans le petit village de Pescosansonesco. Les vignobles de cette maison se trouvent à Pescosansonesco entourée de montagnes et à Capestrano près de Capo d’Acqua.
La longue histoire de 5 générations de la cave Pasetti commence à l’époque des Bourbons et atteint nos jours. C’est dans les années 60 que le tournant s’opère avec le misse en bouteille de leurs vins. Puis dans les années 80, Mimmo Pasetti embouteille son Montepucliano : il l’a fait pour célébrer la naissance de son premier-né Francesca, qui était rousse comme la grand-mère de Mimmo, Donna Rachele.
Ainsi est née la Testarossa (littéralement « Tête Rouge »), fleuron de la Cave et de la Famille Pasetti, qui depuis 5 générations poursuit le travail de viticulture.
Avec le développement de Pescosansonesco s’ajoute les vignobles de Capestrano, Castiglione a Casauria et Ofena pour un total de 83 ha. Pasetti est le seul vignoble à avoir le droit d’apposer le logo du parc naturel sur ses bouteilles.
Mimmo et ses fils sont à élaborer des projets de développement d’un chai sur les terrains de Testarossa.
Nous avons dégusté quelque vins de la maison dont le Pasetti Collecivetta Pecorino 2022 absolument délicieux, véritable coup de cœur! Puis le Testarossa Rosato Cerasuolo qui débordait de fruits rouges purs et frais. Le Madonnella MOntepulciano d’Abruzzo 2020 avec ses notes de fruits aigrelets, de fruits noirs et d’épices douces supportés par des tannins bien mûrs et équilibrés. Le Harimann Montepulciano d’Abruzzo 2004 était des plus complexe avec ses notes de prunes, de tabac, de cerises macérées supportées par des tannins charpentés et tissés serré ainsi qu’une acidité bien fraîche. De plus j’ai beaucoup apprécié le Trebbiano d’Abruzzo avec ses notes pures de pêches et florales et sa texture riche et sa fraîcheur.
Je ne crois pas que les vins de cette maison soient distribués au Québec.
Dégustation à Tenuta Coppa Zuccari – salon des vins des Abruzzes
Mes coups de cœur :
Fontefico, Abruzzo Pecorino Superiore La Canaglia 2022
Cataldi Madonna Cerasuolo d’Abruzzo Malandrino 2022
Constantini Vini, Montepulciano d’Abruzzo Terre dei Vestini 2020
Hier lors de ce voyage de presse dans les Abruzzes nous visitions le vignoble La Valentina situé sur les collines surplombant Spoltore, près de Pescara dans le centre de l’Italie. Les propriétaires, Sabatino, Roberto et Andrea Di Properzio, dirigent l’entreprise depuis la mise en œuvre de leur projet de développement en 1994.
Cette très belle maison élabore une dizaine de vins sur ses 40 hectares de vignes conduites en bio. On y produit environ 375,000 bouteilles dont une partie est disponibles au Québec en importation privée auprès de l’agence Vignôme.
Cette maison me plaît beaucoup autant de par son architecture innovante, ses pergolas bien à elle (leur propre système), son processus de viticulture et de viniculture totalement intégrés et ses vins que j’ai particulièrement appréciés.
Entre autres nous avons dégusté le Trebbiano d’Abruzzo Spelt 2020 ‘’Gold’’ avec ses notes de miel, de pêches, de levures et d’anis étoilée, son Cerasuolo Superiore 2022 et ses notes de groseilles et florales fort complexes, La Valentina Montepulciano d’Abruzzo 2021 avec une belle profondeur des arômes et saveurs et bien juteux, Spelt Montepulciano d’Abruzzo Riserva 2019 d’une densité des arômes, quelques notes de torréfaction, de tabac, de prunes absolument délicieux et son Binomio, vin parcellaire qui selon moi reflétait le plein potentiel des vins de cette région. Nous avons aussi dégusté le Bellevedere 2019 issu d’une autre parcelle. Quant à moi j’ai préféré le Binomio.
Qu’y a-t-il donc à savoir des Abbruzes?
Cette région est située à l’est de l’Italie entre la mer Adriatique et les massifs du Gran Sasso d’Italia. Les Abruzzes peuvent être divisées en deux zones : la zone montagneuse interne qui constitue plus de 65% de l’ensemble du territoire et la zone côtière avec sa large ceinture vallonnée.
Ce qu’on ne sait à peu près pas c’est que cette région est passablement montagneuse avec des centres de ski réputés avec des dénivellations de 3,000 mètres. Elle ressemble à si méprendre à la Nouvelle-Zélande. Avec ces niveaux d’altitude on peut qualifier les vins de cette région de vins d’haute altitude.
Son climat est comparable à celui de la Vallée du Rhône avec des nuits fraîches et des journées assez chaudes. Les zones de production sont presque entièrement concentrées dans la zone vallonnée, en particulier, dans la zone de Chieti qui représente 83% de la production suivi par Pescara (10%), Teramano (6%) et l’Aquila (1%).
Les appellations se déclinent en deux DOCG : Montepulciano d’Abruzzo Colline Teramane (90% de Montepulciano) et Terre Tollesio Tullum. En DOC soient : Montepulciano d’Abruzzo (85% de Montepulciano), Trebbiano d’Abruzzo, Cerasuaolo d’Abruzzo, Controguerra, Ortona, , Villamagna. S’ajoute Abruzzo (80% de Montepulciano) qui se décline en sous-région : Abruzzo Pecorino, Abruzzo Passerina, Abruzzo Coccociola et Abruzzo Montonico. On retrouve aussi 8 appellations en IGT.
La mise en valeur du territoire et de ses cépages autochtones les plus importants ainsi qu’une nouvelle génération de nouveaux vignerons constituent les atouts de cette région. Le cépage Montepulciano, en particulier, est considéré comme l’un des plus grands cépages rouge d’Italie et représente plus de la moitié de la base de production régionale en plus d’être le cépage de référence du DOC Montepulciano d’Abruzzo. Le cépage blanc Trebbiano d’Abruzzo d’autre part donne naissance à cette appellation Trebbiano d’Abruzzo. La région produit environ 50% de sa production de ses vins en rouge et en rosés et 42% en blancs.
Enfin le type de vignes est en pergolas ce qui permet des vendanges à hauteur d’hommes.